Monday, December 18, 2017

GEORGES SCHEHADÉ





QUELQUES POÈMES

Sous le soleil violet du temps passé
Dans le voyage des feuilles mortes
Il était une fois un jardin sans fleurs
Personne n'y venait
Ni l'écho ni les âmes
À part quelques chasseurs fatigués par leur âge
Qui traversaient par là

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Avant le sommeil
Les soeurs de ma mère parlaient si bas
Que tout devenait de l'ombre
Les visages et les voix
Jusqu'à l'horloge dans sa cage
Qui n'avait plus de chant
Une allumette alors brillait
Et l'on pouvait entrevoir mes tantes agenouillés
Dans une goutte d'or

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Dans le sommeil quelquefois
Des graines éveillent des ombres
Il vient des enfants avec leurs mondes
Légers comme des ossements de fleurs
Alors dans un pays lointain si proche par le chagrin de l'âme
Pour rejoindre le pavot des paupières innocentes
Les corps de la nuit deviennent la mer

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Pour retrouver le corps et l'âme de l'enfance
Dans une chambre douce allumée de voleurs
Mes mains sont légères lorsque je pense

Un âne venait de la patrie des tableaux
Les bruits alors n'avaient pas de mémoire

C'est ainsi que sont les objets de la grâce
L'oiseau de sucre avec sa romance et le ciel bleu de rien

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Quand tout dormait à la maison fidèle
Et les armoires aux vieillesses de raisins
Il traînait une feuille d'ombre sur le sol des portes
Ma mère heureuse de se baisser
Belle comme des milliers de matins

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Ma mère allumait les lampes pour éloigner les ombres de nous
Elle comptait notre âge sur les doigts quand l'horloge frappait ses coups
Ma mère parlait du temps qui passe en souriant
- Et les hommes qui la suivaient étaient ses anges

Maintenant que la lune est morte
Où êtes-vous merveilleuses pensées
Amours aux dents de dragées
Enfance qui pleurez sur mes joues

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Comme un enfant d'autrefois dont le cri se perd
Dans un verger de pommes blanches
Quand la lune couvre tout de son amour
Je revois dans un miroir désert
Mes souvenirs avec des cannes blanches
Et je ne sais pas qui d'eux ou bien de moi
Est le plus à plaindre
Tellement les années sont cruelles

Lune légère ô miroir d'absence

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Quand les yeux se perdent dans le sommeil
Comme au fond d'un puits les visages
Il vient un songe avec ses paysages
Sur le dormeur de la nuit
Et c'est dans un ciel noir fuyant des étoiles
Une fenêtre à l'aurore
Avec une tête penchée de femme
Et qui demeure dans le songe d'une énigme

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Chaque fenêtre avait le ciel d'une prairie
Dans cette maison oubliée
Il y avait aussi les oiseaux qui apportaient les nouvelles
Et dans les rêves un enfant qui racontait sa vie
Amour
Où sont les nuits de l'hiver
La lampe douce dans sa robe de verre
Et l'horloge qui sonne et appelle
Un enfant seulement endormi

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Sur une montagne
Où les troupeaux parlent avec le froid
Comme Dieu le fit
Où le soleil est à son origine
Il y a des granges pleines de douceur
Pour l'homme qui marche dans sa paix
Je rêve à ce pays où l'angoisse
Est un peu d'air
Où les sommeils tombent dans le puits
Je rêve et je suis ici
Contre un mur de violettes et cette femme
Dont le genou écarté est une peine infinie

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Il y a des jardins qui n'ont plus de pays
Et qui sont seuls avec l'eau
Des colombes les traversent bleues et sans nids

Mais la lune est un cristal de bonheur
Et l'enfant se souvient d'un grand désordre clair

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Les arbres qui ne voyagent que par leur bruit
Quand le silence est beau de mille oiseaux ensemble
Sont les compagnons vermeils de la vie
Ô poussière savoureuse des hommes

Les saisons passent mais peuvent les revoir
Suivre le soleil à la limite des distances
Puis - comme les anges qui touchent la pierre
Abandonnés aux terres du soir

Et ceux-là qui rêvent sous leurs feuillages
Quand l'oiseau est mûr et laisse ses rayons
Comprendront à cause des grands nuages
Plusieurs fois la mort et plusieurs fois la mer

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Ils ne savent pas qu'ils ne vont plus revoir
Les vergers d'exil et les plages familières
Les étoiles qui voyagent avec des jambes de sel
Quand la nuit est triste de plusieurs beautés

Ils oublient qu'ils ne vont plus entendre
Le vent de la grille et le chien des images
L'eau qui dort sur la couleur des pierres
La nuit avec des violons de pluie

Tant de magie pour rien
Si ce n'était ce souvenir d'un autre monde
Avec des oiseaux de chair dans la prairie
Avec des montagnes comme des granges
Ô mon enfance Ô ma folie

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Nous reviendrons corps de cendre ou rosiers
Avec l'oeil cet animal charmant
Ô colombe
Près des puits de bronze où de lointains
Soleils sont couchés

Puis nous reprendrons notre courbe et nos pas
Sous les fontaines sans eau de la lune
Ô colombe
Là où les grandes solitudes mangent la pierre

Les nuits et les jours perdent leurs ombres par milliers
Le Temps est innocent des choses
Ô colombe
Tout passe comme si j'étais l'oiseau immobile

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De l'automne jauni qui tremble dans le bois dételé
Il demeure une étrange mélancolie
Comme ces chaînes qui ne sont ni pour le corps ni pour l'âme

Ô saison les puits n'ont pas encore déserté votre grâce
Ce soir nous avançons dans vos feuilles qui passent
Près d'une cascade de triste folie

Et voici dans un nuage de grande transparence
L'étoile comme une étincelle de faim

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Comme ces Madones qui vont à l'abreuvoir
Avec les feuilles vertes de la folie
Et dépassent les champs de leur pays
Pour conserver l'eau précieuse du soir
Ceux-là qui m'ont prévenu
Du calme et de l'impatience de la terre
Dorment entre le jour et la nuit
Aux jardins des Ecritures

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Nous irons un jour enfants de la terre
Avec nos mouchoirs vermeils
Envoler l'oiseau des mains de la pierre
Aux pays de l'ombre cette brouette triste

Dans une vallée de roses réduite mais violente
À travers les adieux du soleil
Nous verrons la nuit et le jour se défendre
Puis la lune comme une plaine sur la mer

Ainsi nous allons à la découverte du ciel
- Avec l'ombre cette brouette triste
Multipliant nos fagots dans la vie froide des nuages
Comme ceux qui dorment dans la terre éternelle

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Si je dois rencontrer les Aïeux
À l'extrêmité d'une terre d'élégie
Là où se perd la parole des puits
Et le vieil élevage des lunes
La nuit fera une seule gerbe de nos ombres

Je rejoindrai l'aiguille et les songes
Et la main de leurs habits
- Allongés dans leurs têtes légères
Sous un arbre imaginé par la vie

Si je dois rencontrer les Aïeux
À l'extrémité d'une terre d'élégie
Menant un enfant de grand sommeil
Au bord des fleuves sans terres

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Dans une campagne où le soleil meurt
Comme un cheval boit
L'herbe et le temps ont la même peine
Un violon chasse des ombres de sa main
Rappelle-toi les étangs de la mer lointaine
Quand tu dormiras dans la terre des enfants

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Dans la cage d'un oiseau il y a un jardin de tristesse
Et toute la mélancolie d'une maison

Les ailes sont des feuilles vertes
Dans le jour frugal et cassé
Comme des miettes

Je me souviens pauvre écolier
À la fenêtre

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Elle marchait dans un verger
De douces syllabes tombaient des arbres
L'air n'avait plus de couleur

C'est la naissance du soir
La première fraîcheur des nids
Rêvait un peu la jeune fille
En regardant autour d'elle

Maintenant la nuit se répète à l'infini
Les arbres se cachent dans leurs feuilles
Et le silence arrive de loin

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Sous la lumière muette des étoiles
Une source au loin parlait d'amour
À l'oiseau qui rentrait
C'était dans un verger à l'heure du soir
Le poids des pommes fondait dans l'ombre

Thursday, December 14, 2017

PAUL ZECH




AUFBLICK

Gebändigt von harter Frohn
wird schwer mir das Haupt.
Laß mich bei Dir sein,
Du, an die ich allein
mein Lebtag geglaubt.

Sieh, meine arme Seele strebt
zu Dir empor wie ein Baum
und bebt
und wartet erregt
auf den großen Frühlingstraum.



TRAUMGESICHT

Der Mond stand wie ein Segel überm Haus
und weithin floß ein Strom von Sternen.
Mein Herz fuhr in die Nacht hinaus
und fand das Deine irgendwo im Fernen.

Und träumend halb und halb bewußt
sah ich, wie sich die beiden froh vereinten:
zu süßer Lust
und wie uns tausend Mütter meinten.



FRÜHLINGSBITTE

O wie traumhaft schön zu schauen
ist die Welt in diesem blauen
klarkristallnen Frühlingsschein.
Sonne will mein Herz entfachen
und ein helles Mädchenlachen
kichert leise, leise hinterdrein.

Du, mit dem Marienscheitel,
blondes Mädel, sei nicht eitel,
komm in meinen jungen Tag;
daß die Glut des Ueberhebens
in der Andacht Deines Lebens
rein und ruhig werden mag.




MORGENWEIHE

Das blaue Zwielicht will in Gold zergehn.
Ich höre schon die eichnen Türen schlagen
und frischen Wind vor meinem Fenster wehn.

Nun möchte ich durch das verklärte Land
Sturm laufen und Dir den Frühgruß sagen,
doch eine fromme Scheu hält mich gebannt.

Vielleicht erschreckt mein aufgeregtes Blut
Dein Herz, das von Empfindsamkeit getragen,
noch in den schönsten Purpurträumen ruht.

Will nur wie eine Glocke sein, die sich
durch die gedämpfte Morgenweihe tastet
und leise, leise klingeln: "Liebst Du mich . . .?"

Indes das Leben fern vorüberhastet.



AUFFORDERUNG

Komm in Deinem weißen Kleide,
liebe, wunderblonde Frau.
Sieh, der Himmel ist so blau
und ein Märchenreich die Heide.
Unsre Hände ganz inein,
immer weiter wolln wir gehn
durch das purpurne Geleucht,
bis die Bäume silbern stehn
und die Nacht uns goldne Kronen reicht.



BRAUTFAHRT

Morgen werden alle Glocken singen,
morgen wird Dein junges Herz aufspringen
und Dein Blondhaar grün bekränzt.
Wirst erlöst von abendblassem Wähnen
durch den Flor süß hingeschluchzter Tränen
schaun wie, von der Sonne überglänzt,
sanft beschwingt sich ein paar Ruder rühren,
Dich in meine Arme zu entführen.




MEINE SEELE

Meine Seele fließt zu Dir hinaus,
bis sie silbern wie ein Sternlein wird.
Mein Begehren rankt sich um Dein Haus,
bis ein wunderheimlich Fenster klirrt.
Wie ein Rosenstrauch entbrennt mein Herz,
und ein goldnes Vöglein spinnt und spinnt,
bis wir ganz verschwistert sind.



DAS DANK ICH DIR . . .

Was ich aus Reim und Rhythmus je gebaut,
all jene krausen Versgebilde,
hat Deine Augenseele mir vertraut.

Du bist das Klingende in mir, das Milde,
der immerfließende Gedankenstrom,
der mich hinüberträgt in Sterngefilde.

Du ragst in meinen Tag hoch wie ein Dom
und hast mein Herz erhöht, das Nacht darniederbog;
warst mein Damaskus, warst das goldne Rom,

dem all mein Pilgern froh entgegenzog.




NUN IST SO WUNDERVIEL . . .

Nun ist so wunderviel von Dir in mir,
daß ich mit allen Wünschen ausgesöhnt,
daß sich mein jugendheißes Wanderblut
an dieses engen Hauses Haft gewöhnt.

Des Lebens Kümmernis und bunten Lärm
hast Du in reine Harmonie getaucht,
darinnen Deine fromme Gütigkeit
aufgeht und ihren schönsten Duft verhaucht . . .

Zu vollen Versgeflechten ründet sich
was tief in mir an Traumgedanken schlief;
und Du und Deiner Liebe Wunderschaft
sind meiner Lieder Kehrreim und Motiv.



ZUFLUCHT

Die Fenster gehn in tiefe blinde Nacht;
schlafäugig schaun vom Sims die bunten Winden.
Ein Regenlied ist leise aufgewacht
und sirrt und klirrt, bis wir uns zärtlich finden.

All meine Schwermut taut vom Herzen los
und wie ein Vöglein, das vom Sturm verschlagen,
duck ich beseligt mich in Deinen Schoß
und muß Dir tausend liebe Worte sagen.



AUS MIR WIRD EIN KIND GEBOREN

Der Gäste Aufbruch ließ uns endlich allein.
Silberne Schleier der Dämmerung
legten sich schwer auf Gerät und Gemach.
Hinter den Gärten rauschte der Wildbach tief und dunkel.
Und am Straßenrande
klangen die blitzenden Kronen der Pappelbäume
hell wie Ministrantenglöckchen.
Feiner verstörter Regen rann
und leise klirrten die Fenster.
Dachpfannen klapperten den Takt dazu.
Ein Knistern, fein wie Seidengeflüster,
kam aus Deinem blonden gelösten Haar.
Und ein Duft zog von Dir zu mir.
Groß ward Dein Auge
und ohne zu wollen,
neigten wir Haupt zu Haupt
und sogen den Hauch unsrer Odems ein,
der wie eine geheime Macht
uns näher und näher aneinander zwang.
Wie unser Atem sich dann beflügelte!
Die Sinne wühlten in unserm Blut,
und mit inbrünstigem Schauern
gaben wir froh uns dem Wunder der Liebe hin . . .
Träumend halb und halb im Wachen
schlugst Du die schweren Lider auf.
Und eine himmelhohe Seligkeit
sprang leuchtend aus Deinen Augen.
Dein Mund, halb offen noch vom Aufschrei
fiebrischen Entzückens,
sang mir mit wunderbar gestimmtem
Tonfall ins Ohr:
"Du, ich habe einen Stern gesehn,
einen Stern hoch über unserer Hütte
sanft geneigtem Dach.
Alle Hirten kamen anzubeten
und von fernher drei Weisen,
die wohl Gold und Silber brachten." -

Ich aber fand nicht ein Wort
und doch war eine Fröhlichkeit in mir:
Siehe, auch Dir wird ein Kind geboren!



DIE LIEBSTE SPRACH:

Die vollen Halme biegen sich,
die Wipfel stehn in goldner Fülle.
Ich aber will in eine Stille
mich flüchten, die noch unentweiht ist,
und mich schmücken mit dem Mutterkleid.
Und wenn ich Dir das große Fest bereitet
und Deine Lippen wieder heiß in Sehnsucht beben,
dann soll mein Kind, Dein Kind die Antwort geben.



FEIERABENDIDYLL

Der Kinder Schlafgang läßt uns nun allein.
Dämpf etwas ab den grellen Lampenschein
und hol mir aus dem kleinen Bücherschrein
mein Lieblingsbuch: den Liliencron.
Und während Du aus schillernden Papieren
ein Spielzeug schnitzelst für den lieben Sohn,
will ich mit feierlich gestimmtem Ton
aus Poggfred einen Kantus deklamieren
und in des Dichters Traumland mich verlieren.



DA SPRANG DIE GIMME DEINES MIEDERS . . .

Ich ahnte Dich. Ich sah Dich schon vor Traum und Tag
durch meine aufgepflanzten Frühlingswiesen streifen.
Und jede Stunde ließ Dich und Dein Reich weitsichtbar reifen,
und Deine Stimme stand wie eine Lerche überm Hag;

bis ich den Atem Deines Munds wie Osterwind erfuhr,
Dein Haar wie die Gerüche blauen Flieders . . .
Mein Wille wuchs; gedämpfte Worte spitzten sich zum Schwur . . .
Da sprang die Gimme Deines Mieders. (S. 44)




HAFEN

Ruht der Tag ermattet nun im Zittergras:
schöne spinnverschleierte Legende!
Daß nicht Wind den zarten Schmelz entwende,
hält der Mond den schimmernden Opal
zier in Silberkrallen vor dem Schattenkrug.

Daß Dich nicht ein Späher niederschlug,
hetzten wir uns aus dem schüchternen Zusammen
stündlich zwischen Wiedersehn und Abschiedsqual.

Hier ist Hafen und geruhsames Ziel.
Dreimal, Liebste, laß Dein heißes Herz entflammen,
dreimalselig wiederholtes Lippenspiel,

Wünschen zu, die auf der Schwelle ruhn,
bis sie, wie aus jäh entriegeltem Gelaß,
erste Flügelschläge in den Himmel tun.



DEINE AUGEN SIND EIN KORNGRÜN WEIT. . .

Deine Augen sind ein Korngrün weit,
Zart Gewordnes, das den Mai erfuhr.

Jeder Tag weckt eine neue Gnade,
ein Erlösen mehr im Blickgelände
mit dem weißen Lerchenlied der Hände.

Deine Augen sind ein Korngrün weit
und ein Lächeln zieht darin die Spur
süßverliebter Pfade.

Jede Bitte, die ich heiß in Deine Augen strahle,
schwillt zur Frucht,
zwängt sich reif durch eine schmale
kußbereite Bucht.

Deine Augen sind ein Korngrün weit.

Spannt die Nacht darüber sternbestickte Tücher,
wächst verschwistertes Erglühn
aus dem Dom gewordnen Grün
und singt Psalme gottverbrämter Bücher.


DEIN MUND IST SAKRANMENT

Ein Springquell ist Dein Lippensaum.

Wie ein Geheimnis aus versperrtem Raum
springt Süße steil herauf vom Grunde.

Dein Mund ist Sakrament. Dein Mund ist Gral;
ich trinke Seele und ertrinke Qual.
Es trinkt sich gut von Deinem Munde.

Ein Springquell ist Dein Lippensaum.

Und wie es steiler schießt und weiter fließt
und wie ein Strom sich breit in mich ergießt:

will sich ein wunderseliges Entrücken
von Wahn und Welt zu uns hinüberzücken.

Wir schaukeln auf und nieder wie ein Feuerwall.
Wir reisen groß wie Sonnen durch das All.



WIR DUCKEN UNS TIEF . . .

Endloser Regen rinnt und rinnt.

Nebel spannen im Schreiten
zitternde Saiten von Wind zu Wind.

Alle Weiten rauschen heran.

Und die Bäume stapfen ums Haus wie Riesen
und werfen Gewitter herein.

Wir ducken uns tief! Wir krümmen uns klein!

Und unser verschwistertes Hand in Hand
wird grau, wie ein einsamer Strand,
überschwemmt und verwiesen.



WANDLUNG

Deine Seele spielte am Straßenrand.
Ich hob sie empor und trug sie ins Land
meiner Väter.

Aber Deine Augen, die blauen Verräter,
hatten Wünsche wie Sand am Meer.
Da gab es mein Herz daher,

Nun in Deinem gesegneten Schoß
mein Herz ganz leise sich wandelt,
sind alle Nächte kühl und wünschelos.



HERDFEUER

Nun Dein Mund sich streng verschließt
und ein Wahn mir Frost ins Herz ergießt,
fühl ich erst, wie wärmelos die Tage
niedergingen; jeder eine neue Plage,
jeder Keim zu einem bösern Traum.

Sieh, vom Herd sprühn Funken ins Gemach
rot wie Küsse; jeder der herniederbrach,
wird verschluckt von kühlen Kupferfallen;
doch wenn zwei zugleich zusammenprallen,
wird es plötzlich leicht und licht im Raum.

Laß uns nah genug und hell
in Verschwisterung zusammenrücken
und Entspanntes glühend überbrücken;
bis die Liebe, wie ein himmlischer Rebell,
plötzlich aufgewittert
uns Trophäen pflückt vom Lippensaum.



ICH WEISS DIE SCHICKSALSLINIEN . . .

Novembernacht, die kühl durchs Fenster rauscht,
versteint die Atemzüge und belauscht
die Fröstelstille, die wir beide schweigen.

So grau gefühllos ging noch nie ein Tag
ins Ungenaue. Und so weiß erschrak
noch nie der Mond vor Zwein, die sich entfremden.

Und doch weiß ich die Schicksalslinien Deiner Hand,
die sich der meinen schmalverstört entwandt,
wie eine klargeschriebne Schrift zu deuten:

daß zwischen uns und der verloschnen Glut,
Blutströme eines Neuen, das noch unreif ruht,
gleich einem Springborn auf und nieder schäumen.



UND DIE NACHT KOMMT ÜBER UNS

Mondbleich funkelt Dein Angesicht.

Eine einsame Stimme spricht
qualvoll verbissen:
"Ich ströme Blut zu dumpfern Finsternissen!"

Das tropft wie bittrer Wein
auf meine Zunge und lähmt den Willen.

Ich bäume mich wild unter dem Kettengewicht.

Da knistern durch die Pupillen
verschwisterte Schatten herein
und überdunkeln dein Angesicht.

Und die Nacht kommt über uns
wie der weiße Frost eines Totenmunds.



DIE JUNGE FRAU SPRACH:

Einst war ich Kind. Du kamst und nahmst es mir.
Nun bin ich weder Kind, noch tief in Dir.
Ein Neues spricht aus mir mit neuem Munde.

Ein Neues, das die Züge von zwei Zwistbeladenen trägt
und zweier Herzen Schläge so verschwistert schlägt,
wie einer unsichtbaren Uhr gesteilte Stunde.



O IHR AUFGESPARTEN ABENDSTUNDEN

O ihr aufgesparten Abendstunden
Fronumklammertes zu lösen im Gemach
einer Frau, die stündlich nutzlos den geliebten Namen sprach,
der in der Fabrik nur Zahl ist einem Triebrad aufgebunden.

O ihr aufgesparten Abendstunden,
Traumzeit, die Vergrämtes mondblau übertropft
und durch müde Schläfen lustgewitternd klopft,
daß die ausgelaugten Säfte wieder rot gesunden.

Wie verspätete Kommunikanten
stürzen wir uns doppelt eifrig in die Melodie
süßer Reden, die uns Abgespannten

wie ein hergewehter Widerhall, der Kindertage überschrie,
neu belobte Zärtlichkeit mit unverwandten
Streichelstrichen schenkt, bis wir, schon hingestürzt ins Knie,

uferlose Weltlichkeit und himmlisches Entrücken
wie gebrochenes Brot vom Saum gezückter Lippen pflücken.



HYMNE UNTER DEN KIRSCHBÄUMEN

Wenn es in Nordebenen schneite und Silber von Dächern gefror,
knallten die Öfen, und ein Kätzchen umschnurrte mein Knie.
Hier aber liegt Sonne dazwischen, hier silbert das Feld
die Frühlingsgefühle der Finken zu Tonleiter-Gebüschen.
Wünsche besticken den Weg bis zu den indigo-blauen Gebirgen
mit Wollust. Die Heilige Strasse baut Tempel um alle Bäume,
wo sich Verliebte erkennen. Und wie viele erkannten sich schon?!

Wie oft erkannte ich Deinen Rotkirschen-Mund
hier unter den Bäumen, hier unter dem taghellen Mond,
Du zartsames, schmeichlerisch silbernes Reh!
Gott hat die strengen Strafaugen geschlossen
und träumt von den roten Geländern der Brücken,
die die Kirschblüten binden an den Jungbrunnen der Erde.
O Du stille, schmeichlerisch streichelnde Hand.

Sieh, wie sich am Teich das gefesselte Lamm
hinschmiegt dem stärkern Bruder, dass er den Ring
Löse vom Pflock und der Schlinge des Stricks.
Und die Menschen gehn alle vorüber und sprechen mit Augen
des Herzens und sind wie die Grillen auf dem gelben Hügel
der Iris versunken an Lied und Lockung der Wellen.
In jeder Sekunde zeigst Du dem Wasser ein andres Gesicht.
Und immer bin ich der wachsame Hund vor der Tür Deines Munds.
Willst Du die Nacht mir auch schenken? Hinter den Bäumen die Nacht?
Was brauchen wir Bäume! Der weisse Damast,
wo wir uns betten, und blühend darüber der purpurne Kelch
heimlichster Blüten hat alle Wunder gesammelt,
die wir hier draussen uns rauben erst müssen.
Ich lächle den Spuk Deiner Götter Dir aus den Augen.
Schwer wiegt hier mein Blut und kettet Dich los.
blühende Kirschen am Teich Salagaris . . .
O Lied durch die Nacht . . .



LIEBESBALLADE IM REGEN

Auf den Straßen, zwischen den Schienensträngen,
glitzerte Wasser. Und manchesmal spritzte es unter den Bahnen
silbern empor bis zu den Fußgängerwegen.
Und die jungen Bäume dort ließen die Fahnen
aus maigrüner Seide so traurig herunter hängen im Regen.

Unter dem Glasdach einer verwitterten Kinoreklame
habe ich lange nach dem letzten Nachtauto gefroren.
Und da kamst Du mir grade gelegen:
so knabenhaft schmal in den Hüften und wie geboren
für meine Gefühle. Denn außer Dir stand keine Dame im Regen.

Und als wir uns ansahn die kurzen Sekunden
und garnicht mehr frugen, wie einer den anderen fände,
da kam uns das Blut schon auf halbem Wege entgegen
und ich küßte unter dem Schirm Dir die zitternden Hände
und habe zuletzt auch Dein Herz gefunden im Regen.

Für Dein Herz . . . da habe ich gleich ein Gedicht geschrieben,
denn wir saßen jetzt wortlos beglückt an den dunklen Tischen
in einem Café. Und aus den tropisch durchglühten Gehegen
der Geige begann jetzt Dein lüsterner Atem zu zischen,
bis ich Dich mitnahm. Sonst wärst Du allein geblieben im Regen.

In dieser Nacht aber ist alles ganz anders verlaufen,
wie ich es mir ausgedacht in meinen Gefühlen.
Und als ich beschämt Dir was schenkte, da sagtest du lächelnd: weswegen?
Und ließest auf meinen Lippen nur einen kühlen
Geschmack Deiner Armut zurück, den wird sich keine andere mehr kaufen
im Regen.


Sunday, September 3, 2017

ALBERTO GIRRI





EL POEMA COMO IDEA DE LA POESÍA

Que la finalidad
sea provocar el sentimiento
de las palabras,
y alcanzar
el desafío de la expresión,
perseguir objetos
que se ajustan al sentimiento,
hundirse en objetos
hasta la emoción adecuada,
está probado,
y tanto, probado y probado,
como no lo está
el que en esos tránsitos
la tendencia madre sea
por dónde va la inspiración,
"si en frío o en caliente",
y no lo está
que haya que seguir a Homero
entre las Musas, su rogar que lo asistan,
y a Platón
saludando hermosos versos
más en mediocres pero iluminados
que en sagaces y hábiles exclusivamente
al amparo de sus propias fuerzas,
y a Dante, el reclamar
la intervención de dioses
acaso sin creer en ellos:
O buono Apollo, all'ultimo lavoro
fammi del tuo valor...
Pero tampoco ninguna
terminante prueba hacia lo opuesto,
que el poema
se conduzca en la mente como un
experimento en una ciencia natural,
y que la aptitud
combinatoria de la mente sea
la solo inspiración reconocible.




GATO GRIS MUERTO

Brujos enseñaron que los gatos
pueden alojar almas humanas.

Figura empapada del asfalto o vuelto hacia las nubes,
eres el muerto más perfecto que yo he visto.
Pero cómo descubrir que la vigilia que te llega,
ya indiferente a cualquier invocación,
tu realidad verdadera de hijo del demonio,
de locatario esbelto de almas,
que estableció para tu antepasado africano
la voluntad miedosa de los clanes familiares
y confirmó la impar justicia de la magia.
Pronto vendrán hasta tu cuerpo abandonado
ladrones de velas,
y robarán las tibias, su recatada médula.
Porque es sabido que cuando tales huesos despierten
despertarán las almas en ellas internadas,
y en un pueblo lejano y caníbal,
hombres que trabajan y tienen amores,
instantáneamente se convierten en
estatuas.
Brujos enseñaron que los gatos
pueden alojar almas humanas,
y arañar, si quieren, el corazón del huésped.


LA SOMBRA


De algún modo soy tu cuerpo,
Me designo en él, me quema
En la mentira útil como un remo,
En la desgracia y la amorosa lucha
Abriendo Los huecos de su máscara.
Pero no me lo permitas,
No me dejes ser sólo tu cuerpo.
De algún modo soy tu cuerpo,
Cuando la rica, inexplicable sangre,
Transcurre en medio de representaciones.
Y lo seré hasta que cenizas
Acaricien tu prestada, última parcela.
Pero no me lo permitas,
No me dejes ser sólo tu cuerpo.
De algún modo soy tu cuerpo,
La opresión que difunde me sostiene,
Y no en otro descienden las palabras,
Urde la disculpa el vejado sermón
Por nuestras pasadas facciones.
Pero no me lo permitas,
No me dejes ser sólo tu cuerpo.
De algún modo soy tu cuerpo
Y si en atención a su dañina mengua
Me cuido bien de mirarlo como esencia,
¿Con qué prodigio, incisivo milagro,
Percibiré tu pasión cuando lo excluya?
Pero no me lo permitas,
No me dejes ser sólo tu cuerpo.


CUANDO LA IDEA DEL YO SE ALEJA

De lo que va adelante
y de lo que sigue atrás,
de lo que dura y de lo que cae,
me deshago,
abandonado quedo
del fuerte soplo,
del suave viento,
y quieto, las espaldas
vueltas las manos hacia arriba,
apoyo en el suelo,
corazón
abjurando de armas, faltas,
de oraciones donde borrar las faltas,
blando organismo, entidad
que ignora cómo decir: "Yo soy"
y en la enfermedad y la muerte,
vejez y nacimiento,
ya no encontrarán lugar,
como no lo encontraría el tigre
para meter su garra,
el rinoceronte el cuerno,
la espada su filo.

Antes hacía, ahora comprendo.


PRIMAVERA CON SUFIES

El océano hablando,
en espumas, gotas,
disímiles instante a instante,
pero una sola agua,
y las lenguas
de pájaros, flores,
el halcón
al relatar sus paseos acompañado
de los cuervos,
el ruiseñor, alabanza
infinita de la rosa,
la paloma que pregunta
por el camino hacia el amado,
y la cigüeña, su piadosa
disposición: "Tuyo es el reino,
tuyas las loas a Dios",
y el vocear
de hojas, pétalos,
la violeta
en hondos azules, el narciso
de ojos lánguidos, tulipanes,
el enrulado jacinto.

Sí, lo múltiple,
en nombre
del que no tiene nombre,
múltiple y uno,
el que en eterna
soledad era oculto tesoro,
y procuró que lo conocieran
y creó el mundo.

Sí, nacidos de él
océanos, pájaros, flores,
y para que con lo que dicen
tejamos la tela que nos viste,
bebamos el producto
que destila lo que dicen.


LÍRICA

Lo no previsto,
lo que con nombre de sarcasmo:
novísima luna de miel,
arrastras por dentro,
y que afuera, juzgado y aislado
desde ciencias del comportamiento,
merecería rótulo más cierto,
el de novísima
erotización del vínculo,
transparente caso, muy sabido
de acuerdo con estadísticas,
noticias sueltas, cuadros personales,
y que tan por sorpresa
como se instaló se revertirá,
una tardía
exaltación que en la casi penumbra,
receptáculo de los desposados,
toca a pagar, te toca
corresponder con el recelo de que acaso
no transcurriera sino en ti,
y ella intacta, lo femenino
examinándote, sobrepasándote
a fuerza de no conocer altibajos,
la femenina complacencia
de resistirse a transformaciones
de alta tensión y débil intensidad
en baja tensión y gran intensidad.


PARÁFRASIS

Lc. 11, 5

Mejor vecino cerca
que hermano lejos,
para cuando, de improviso,
en tardías horas pedirle el pan
de agasajar a tus amigos,
y te responda
como quien se libra de un importuno
y no cae en descortesía, desvergüenza,
y aunque tuvieras
que golpearle con tesón, no dejarte
despedir, asustar desde palabras duras,
hasta que por tus manos abiertas,
rejas alzadas ante los ojos,
se filtre esa luz de la dádiva,
tus pasos atravesando cerrojos,
reverberación de tus voces
haciendo que tiemblen los cuartos.

De no ser así, ¿lo llamarías
vecino, o siquiera medio vecino,
creerías en tu oportunidad,
si no escrita, insinuada por el Evangelista,
de que al contar lo recibido, panes y no piedras,
haya de haber un número mayor
que el que rogaste en préstamo?


PASCAL

Casi ninguna verdad,
el vacío
para sentirte seguro
contra la historia,
apóstata
por aconsejar la inconstancia,
la fatiga extrema,
la tempestad,
aunque los hombres no las amen,
por juzgarnos míseros
y tener tan alta idea de ti
que no quieres
compartir nuestras debilidades,
por ser tú mismo endeble
y admirar las moscas,
extrañas potencias
que ganan todas las batallas,
perturban el alma,
y devoran el resto,
por sustraerte al destino común
asomándote al abismo,
tu abismo, a tu izquierda,
y orar con un largo grito de terror,
por cerrarte a la caridad
mientras velas, implacable,
y exiges
que en esa Agonía
que durará hasta el fin del mundo
nadie se duerma,
por haberte ofrecido a Dios
tras anunciar que en todas partes
la naturaleza señala a un Dios perdido.

Casi ninguna verdad,
el vacío
y el morir solos
debajo de un poco de tierra.
Tuviste razón,
qué necios son estos discursos.


PERO SOLO SON PENSAMIENTOS

Sólo los pensamientos
de quien por haber cedido a la fascinación
de idiotas de las familias, retratarlos
sin la caridad que provoca amistades,
se lo recrimina visualizándose
como algún Tolstoi chino, maestro de almas,
lo cuestionaría y reflejaría,
contrahecho, lisiado,
hombros que se levantan
por encima de su cabeza, mentón
en descenso hacia su ombligo,
dedos de más y de menos,
esforzados inclinarse de adelante atrás
remedando una actitud que propicia
la cavilación:
"Estoy en dificultades
porque tengo un cuerpo
y es mísero.
Cuando me falte,
¿qué dificultades podría tener?"

Pero sólo pensamientos
como tantos, un irse anticipando
al morir y la muerte,
a la sorpresa del miedo
de morir y la muerte,
como los tanteos
que en el pensamiento de Ivan Ilich
detectaba Tolstoi.


A LA POESÍA ENTENDIDA COMO UNA MANERA
DE ORGANIZAR LA REALIDAD, NO DE REPRESENTARLA


Lo que en ella place
place a la índole de las cosas,
inicialmente dirigidas a nadie,
y en esencia visiones,
y la reflexión
determinando que impulsos, ideas oscuras,
cobren análogo peso, homologadas
en sentencias que otras
sentencias transforman,
apremiadas
por lo que la poesía exige,
lo que el poema
ha de ofrecer a la vista,
afectar a los sentidos,
lo que tendrá
de móvil ofrenda
en un mundo estático,
y lo que el paisaje, los millones
de universales gestos piden,
ser formulados
en tejidos de perenne duración, claros
de diseño, voces modificando
hábitos de conceptos y categorías,
y atendiendo
a que más allá de la verdad
está el estilo,
perfeccionador de la verdad
porque en sí lleva
la prueba de su existencia.

Escríbela,
extrae de ese orden
tus objetos reales,
mayor miseria
que morir o la nada
es lo irreal, lo real sin objetos.



SUBSISTIRÉ, SUBSISTO

Subsistiré, subsisto,
ser el pimpollo,
ser el transitorio pez,
naturaleza como mezcla.
Apenas anunciado,
la permanente degradación
me empuja la cambio,
inimaginable consumo
de fuego elemental,
agua, aire, tierra,
y formas que nunca nacen,
por ya engendradas
actuales y futuras,
retrospectivas formas,
repitiéndome en todos
cargado a una inmortalidad
llamada muerte,
cuando el odio me disocie,
y lo oscuro sea recompensa;
amor,
cuando presunta pureza,
me identifique en un lugar,
interior tentativa de conservación,
la única que pueden permitirme
tiempo y especies.


DOPELLEBEN

Novelistas
fervorosos de la acción
e incapaces de actuar,
ideólogos
que erráticamente fechan
el ocaso de nuestros ciclos
y de ciclos que sobrevendrán,
excéntricos
sin esperanzas, deslomándose
en sentenciar que la grandeza
se arranca de las causas perdidas,
nihilistas
supérstites de un credo
algunas de cuyas demandas
todavía circulan, sin eco:

Las cárceles son
universidades del crimen
que habrá que volar, tarde o temprano.
Como esquemas de vidas encarnando
¿hasta qué punto es quimérica
la comunión entre lo inmutable de cada destino
y la perspectiva que elige, que pretende?
¿Cómo encargados
de desautorizar la hegeliana sentencia
de que lo interior supone con lo exterior
un vínculo ineludible?

¡Doble vida!¡La expresión
que tú Gottfried Benn acuñaste
para nuestros constantes espejismos,
desenmascarando incompatibles prácticas,
chácharas sobre generalidades,
reticencias en admitir
que cuanto pesa y decide se produce
fuera de la esfera de lo personal.



EN LA LETRA, AMBIGUA SELVA

1

El ritmo de lo escrito
es el ritmo del que escribe,
y el texto, el poema,
en parte mecanismo verbal,
en parte sistema de correspondencias,
es con el mundo una sola entidad.

2

La forma equivale
a convicción interna,
y la letra la emplea con vistas
a proveer al mundo de significados,
y aun para el Significado,
y aun para subyugarlo
con el prejuicio de que la palabra
traduce y vierte lo ideado.

3

Lenguaje y estilo
penosamente edifican jerarquías,
y al lograrlo
el mundo queda en suspenso, extático,
aunque luego el producto se descompone,
su linaje se vulgariza,
suena escarnecido y degradado
como fofa, mustia potencia,
y las líneas mejores, las ejemplares
y musicales tiradas, apenas si sobreviven
como detrás de un vidrio, burla y tedio,
¡oh pobre Olimpio!


4

¿Campos donde el que más despoja
es el que avanza?
¿Trampa y recompensa
para los que perseveran
enfermizamente atentos a apoderarse
de la utilidad atreviéndose
a lo banal absoluto de escribir
"Cierren esa puerta", o "Quisiera dormir"?
Cuanto trace la escritura
será interpretado, obtendrá respuesta,
como a los piadosos se les permite
orar según les plazca, convencidos
de que Dios escucha y lee
hasta las pisadas de una hormiga.



RELACIONES Y OPUESTOS


¿Fuera de lo que refleja
el espejo de su mujer,
el de su amante,
el de la mujer que quiere,
es él
alguna otra cosa?
¿Es una mujer
más que lo que toman su esposo,
su amante,
y el hombre que quiere?

Cuando la cercanía
se manifiesta cómo recibir,
no cómo dar,
¿bajo qué suelo
entierran
lo que los afecta
cuando
fusión
y perfección
se desvanecen
para seguir estando
ella, él o ambos,
ligados a lo inmodificable,
a su propio cordón umbilical?

¿Cómo
despierta
y adquiere autoridad
la despótica zona
del sarcasmo, agresión,
y en especial del silencio,
él y ella
perjuros,
un perjuro
dentro de un perjuro?
Oh, de su desamparo
no vendrán ayudas,
inequívocamente
se extingue en el choque
el epitalamio
y el recuerdo del epitalamio,
y ya ningún pudor
servirá como ayuda, ¿se borran acaso
las excrecencias, la caducidad
de los votos,
rapándonos las narices,
cosiéndonos la boca?



PASAJE A LA INDIA
  
Tránsito de la poesía
a una poesía como Sabor,
propiedad
que al ofrecerse no para
de ofrecerse,
y a la zaga de ella
el pensamiento inyectándole
continuidad a su placer
por la imagen de lo sentido,
y en imágenes constantemente similares,
Sabor y placer
en que siempre los cielos son negros,
negro el pecado, blanca
la notoriedad,
y en que los pájaros
beben sólo en los rayos de la luna,
los pavos reales danzan
al compás de los truenos,
y en flor el árbol de Asoka
toda vez que dedos de mujer
se posan junto a él,
y siempre las flechas
del amor durante su ir traspasando
el corazón de jóvenes,
el amor
evidencia que ilumina.
Sabor
reconocible y simple
como una comida con ingredientes
que nunca varían,
un Sabor inimaginable
para la poesía donde nos encerramos, esa
que nos encierra para dársenos
como arte de simultaneidades,
posesión del habla,
poder de sugerir, adecuación
del sonido a la inteligencia,
movimientos del estilo.


ELEGÍA DE LA COSTA

Dos veces al año
florecen tus rosas,
y dos veces
la ceniza en el cacto,
las fases de la lluvia.
¿Te importará
que deseche tal imagen,
modelo, verso heredado,
para que nuestros ojos bendigan
el equilibrio,
y urda en cambio, al tocarte,
un desafío a lo perdido, el fantasma
de tu opulencia, la sombra
helénica que viene del mar, trae el fuego,
la profecía, el templo, la sórdida apoteosis
del comercio y del arte?
¿Te modifica, rompe
el quieto, eternizado paisaje
de arbustos,
el aliento
del que sin dejarse detener
por la dorada promesa del verano
atisba en tus facciones,
despojos
cuya gloria
duerme al sol, obstinada,
inmune al incendio?
Dos veces al año
mi hogar entre rosas, oh presencia
de un hogar que tus dioses borraron.
Dos veces
la nostalgia
ensombreciendo, aplastando rosas.
¿Te disminuye, tibia Paestum,
que este sea mi pago? ¿Tomarás el poema
como algo menos efímero
que el momento de dejarte?


AMAZONA COMO LÍRICA

Femineidad cobrando
entonación masculina,
                             gracia donde resuena
la voz virago,
                             carne con todo
lo que insinúa de caballo,
                                     vientre recogido,
redonda grupa, ancho pecho,
orejas en punta, cerviz levantada,
crines densas,
                             la tibia piel y el belfo
en sucesivo mudar, del reflejo
castaño al ceniciento, bayo,
dorado, a manchas...

                   ¡Y la vitanda conclusión
en tu deleite,
                            un abrazo
que por imprevista alquimia
se agrega también dones histriónicos,
                                        un caballo que además finge
no admitir en su dorso a nadie
que no sea su dueño,
                                       y además la prevención
de perder mansedumbre toda vez
que se lo ceda a otro dueño!


ANDRÓMEDA

La Andrómeda del Tiempo, impar en la belleza y el agravio,
sobre este rudo peñasco ahora escruta largamente hacia uno
y otro brazo de la costa,
su flor, su porción de vida, condenada a ser alimento del dragón.
Muchos golpes y venenos la tentaron y acecharon una vez;
pero desde Occidente oye ahora el rugir de una bestia
más salvaje que las demás, más desenfrenada
en sus daños, más inicua y más obscena.

¿Es que su Perseo se demora y la libra a sus vehemencias?
Pero él, hollando por un tiempo el aire suave como una almohada,
suspende sobre ella que se diría abandonada, sus pensamientos,

mientras, desgarrada hasta la angustia, su paciencia
crece, luego consigue desarmarla, y nadie lo sospecha
con los arneses y hierros de la Gorgona, correas y dientes.


CÁMARA OSCURA

Mientras espera que la desnuden,
la expresión se esfuerza en desearse
a sí misma en blanco y negro,

                      y el ojo cuidadoso acecha
hasta sorprenderla empañándose,
empañada por matices de tensión,
físico desamparo.

                  Se trata de cazar,
y se trata de robo,
                               la víctima
lo consciente, sometiéndose,
y el ladrón llena de facciones, visajes,
su bolsa;

                    no supone angustias, trabajo aflictivo,
incomodidad, suceso infeliz.
                                pero es un tomar lo ajeno
desde artificios que requieren
ingenio en proporción directa
con la propiedad, limpieza,
austeridad de recursos,

             y soluciones fortuitas, ocurrencias,
"Improvisación creadora", diría
de su pillaje el que aquí, súbito,
se decide a atacar cubriendo
las lentes con tules, muselinas,
                       y en el incomparablemente joven
perfil modela por distorsiones
otra carne, helada y luminosa,
                             placidez de máscara noh,
                             ascenso a lo andrógino.


CANCIÓN DE AMOR

Aquí yazgo pensando en ti:

¡La mancha del amor
se extiende sobre el mundo!
¡Amarilla, amarilla, amarilla
roe las hojas,
unta con azafrán
las cornígeras ramas que se inclinan
pesadamente
contra un liso cielo púrpura!
No hay luz,
sólo una espesa mancha de miel
que gotea de hoja en hoja
y de rama en rama
desluciendo los colores
del mundo entero;

¡tú allá lejos
bajo el rojo zumo del oeste!



ELEGÍA EN VIDA

Intenta dibujar un león
y logra un perro,

cuando siente hambre cree
calmarla dibujando pasteles,

si dibuja una serpiente
le agrega patas,

al concentrarse
en un grano de mostaza, cabeza
de alfiler que crece en arbusto,
dibuja una higuera, lo estéril,
leño seco destinado al fuego.

                De preguntársele por qué,
hallaría que son confesiones, desajustes
documentando sus fallas,
                                   un orden visual
para simbolizarlas,

                         primero la imagen
de su débil fuerza en las ambiciones,
luego la de su vocación por lo ilusorio,
luego la de su placer de deformar,

                               y en conjunto la imagen
de su extravío, incapacidad
de ofrecer frutos legítimos,
                       tal un árbol que no los da
así haya estado siempre junto al agua.


EN LA AGONÍA ROMÁNTICA

En el mismo escenario
donde hasta avanzado el siglo
los enamorados todavía se buscaban
y estrechaban por lo idílico,
                                                    posándose
"cada día sobre la ramita
que puede morir",
                                elevóse gradualmente un marco
de gustos crepusculares,
                                                       por las prostitutas de lujo
                                                       titilante rococó,
                                                       baudelaireanas correspondencias,

      y allí acechaban
las Lou Andreas Salomé, Alma Malher,
proponiendo que a partir de sus romances,

exaltación de luminarias en ciernes
                                             (el casto Nietzsche, Rilke el joven,
                                             atraídos hacia la órbita de un texto
                                             diáfano ya la vez temible),
caducarían todos los estereotipos
femeninos hasta entonces conocidos,

                                              y en trance ya de esfumarse
                                              para siempre hasta el más leve
                                              rastro del bíblico infundio
                                              que asegura que la mujer no tiene
                                              potestad sobre su cuerpo.


OFICIO DE AMOR

De la intimidad que ahora nos asusta
Sale el pasado,
Sale la espléndida nostalgia,
Ejercicio callado del ocaso;
De la valuación de Dios en la plegaria,
Para que no estemos uno fuera del otro,
Saldrá la amenaza,
Celosa corrosión de los gestos
Interrumpiendo nuestro abrazo.

¡Oh manoseados sentimientos!
Más y mejor seré yo mismo
Cuando guarde de tu boca la idea
Y aunque ya no pase del existir a la presencia
Igualmente me verás contra tu boca
Vigilando la mudanza de los días
Hasta que, siendo como yo reliquia,
Me ayudes a evitar esta agonía.


OÍR UNO SU PROPIA SOMBRA

Repeticiones inútiles, verbosidad
en pleonasmos, redundancias,
tautologías,

                   garrulerías en las casas
amadas amando hasta el mirlo
que sobre ellas habla,

                                 ruidos continuados
aislándote, los arrullos
por sentimientos melancólicos
del tiempo otoñal,

                              cantinelas ensalzando
imposibles concordias:
                                           que al agua del pozo
le sea dado invadir la del río,
                                            que la cosecha pasada
y la nueva se unan.

Es mantener abierto el pico,
no puedan las palabras obstruirlo:
                               como leznas
dentro de una bolsa
(acaban por romperla).

Es el anverso
diáfano de la vida suavizando
las áreas hostiles,
                     la de los ojos turbios,
balbuceos lastimeros, orejas calientes,
vértigos de borrachos.

Es tu cotidiano ensayar,
                     mientras no suena la campana,

                                 no se haya ido la arena del reloj,
cómo hacer con discursos de aire
que el mundo de los felices
y el mundo del desdichado
no parezcan distintos.

De "Obra poética IV"


PERO SÓLO SON PENSAMIENTOS

Sólo los pensamientos
de quien por haber cedido a la fascinación
de idiotas de las familias, retratarlos
sin la caridad que provoca amistades,
se lo recrimina visualizándose
como algún Tolstoi chino, maestro de almas,
lo cuestionaría y reflejaría,
contrahecho, lisiado,
hombros que se levantan
por encima de su cabeza, mentón
en descenso hacia su ombligo,
dedos de más y de menos,
esforzados inclinarse de adelante atrás
remedando una actitud que propicia
la cavilación:
                           "Estoy en dificultades
porque tengo un cuerpo
y es mísero.
                       Cuando me falte,
¿qué dificultades podría tener?"

Pero sólo pensamientos
como tantos, un irse anticipando
al morir y la muerte,
a la sorpresa del miedo
de morir y la muerte,
                       como los tanteos
que en el pensamiento de Ivan Ilich
detectaba Tolstoi.


POEMA CON UN POEMA

        Del emperador
que desvalido se adormece
en su jardín,
                         tiene algo este
anciano a quien súbitamente
el deseo,
                  huésped no invitado,
vuelve, persiste en sacudirlo.

También se amodorra,
y los dos son como gatos,
                                           no les importa
                                           sino sobrevivir;

                      pero en su precario retiro
el viejo no enhebra canciones,
y en lugar de ir entreviendo
ejércitos que incendian y destruyen
concita sobre él un retorno
en procesión de bellezas
ahora agrias,
                           cada cual mostrándole
la forma de un triángulo
allí donde hubo un sexo,
                         todas
                         semejantes
                         a las tardías flores
                         que en el imperial jardín
                         aguardan el invierno.



PUERTAS ADENTRO


Como Blake con el tigre,
en tu gato no atiendes
a uñas, lengua áspera,
poblados pelos largos,
estrías blancas,
c lo que provocas desde confusa
f hermandad, la pretensión
de que en su vigor está el tuyo,
y de acercarle
elusivos discursos, soliloquios
para un no favorable
ni adverso ánimo,
sin cooperar, sin airadamente
estirarse indicando que apenas
cerraste postigos, cortinas,
él ya captó,
tu agitar antipatías, infatuaciones,
prontuarios de la menuda hojarasca
que en la sagacidad animal
pudiera disolverse,
apremio
por alguien que se mantiene
atado a su especie,
alcanzar
el par donde apoyarte, tu correspondiente;
como Blake y el tigre,
Poe y el cuervo,
Basho y la rana,
recluyéndote a pedir
el benjgno, consolador ajuste
de tu aliento, fatigoso golpe, desazón,
y la prescindencia del libre, que no juzga.


QUE TU MIRADA VAYA...

Que tu mirada vaya
dejando de separar
impresiones sensibles, afectivas,
de las meras formas,
                      y resbale, no coherente,
a despojar de relieve lo que encuentre,

                    indicaría cómo pierdes
el dominio sobre ella,
                            paralizado también
tu cuerpo en lo que hasta ahora fue:
                               manifestación y participación,
                    y en suspenso
la rutina del hablar y el pensar,
la exigencia de que hablar
y no pensar no se puede,
                               ni pensar callando.

Y más aun haría patente
un empezar a abandonarte
a lo suelto y espontáneo
como viento, como corriente,
                               viento y corriente,
no ya situaciones fijas, inmovilidad objetiva,

no ya dilemas,
                                sino un calmo estar
en el que te permitas verte
cazando pájaros con redes,
liebres con gestos,
                                irreflexivamente.



¿DEBE ENTREGAR A LA MUERTE EL HIJO AL PADRE?

Padres que alcanzan
su punto más alto de violencia
fríamente,
      sin denotarlo,
cuando compadecen a sus hijos,
cuando los acarician, aprueban,
no lamentándose de carecer
de un hijo sabio que los alegre.
Y padres
cuya violencia es vociferar
como a caballo de verdades
por ellos mismos inventadas,
genuinas porque así lo afirman,
y en disputa con el hijo sabio
que se resiste al consejo del padre.

Como Lear, resignados
a la imposición
de dolor e inoportunidades
a que el vínculo los reduce
vomitando siempre a solas
su violencia:
       "Si soy padre, ¿dónde
está mi honra?"
Y padres tolstoianos,
padres de huérfanos,
defensores de viudas, voluntades de simpleza y paz
que procuran apartarse de cualquier
iniquidad de los padres en los hijos,
pero que son llevados en peso
por vilencia y culpa toda vez
que engendran, contándonos en sus diarios
del momento de la paternidad
como equivalente al de comer uvas agrias.
¿Debe el hijo esperar, antes de irse
y abandonar los cuartos de la infancia,
que esta fanfarria se convierta
en distracciones, clisés
debe cargar con ellas su maleta
luego de echar de sí la ligadura
entregando el padre a la muerte?


PREGUNTARSE, CADA TANTO

      Qué hacer
del viejo yo lírico, errático estímulo,
al ir avecinándonos a la fase
de los silencios, la de no desear
ya doblegarnos animosamente
ante cada impresión que hierve,
y en fuerza de su hervir reclama
exaltación, su canto.
       Cómo, para entonces,
persuadirlo a que reconozca
nuestra apatía, convertidas
en reminiscencias de oficios inútiles
sus constantes más íntimas, sustitutivas
de la acción, sentimiento, la fe;
       su desafío
a que conjoremos nuestras nadas
con signos sonoros que por los oídos andan
sin dueños, como rodando, disponibles
y expectantes,
       ignorantes
de sus pautas de significados,
de dónde obtenerlas:
       y su persistencia, insaciable,
para adherírsenos, un yo
instalado en otro yo, vigilando
por encima de nuestro hombro
qué garabateamos;
       y su prédica
de que mediante él hagamos
florecer tanto melodía cuanto gozosa
emulación de la única escritura
nunca rebecha por nadie,
       la de Aquel
que escribió en la arena, ganada
por el viento, embrujante poesía
de lo eternamente indescifrable.
      Preguntárnoslo, toda vez
que nos encerremos en la expresión
idiota del que no atina a consolarse
de la infructuosidad de la poesía
como vehiculo de seducción, corrupción,
       y cada vez
que se nos recuerde que el verdadero
hacedor de poemas execra la poesía,
que el auténtico realizador
de cualquier cosa detesta esa cosa.


G. B.

Si uno es el hombre para la circunstancia
        -¿eh, viejo pugilista,
        cabeza de pájaro rapado?-,
puede lográrselo:
        perseverar
en contradicciones, juntar
lo incompatible,
        y con porciones
de cantos banales, referencias
a vaivenes afectivos, guías turísticas,
flores sobre una mesa, pormenores de chistes,
hacer que la consecuencia sean poemas:
                 lo diurno
y público asociándose a lo secreto,
arduo de soportar,
        como en tu voz, abierta
a tristes generalidades, certificados
de defunción para desconocidos, municipales
servicios de venéreas,
        y hacia la noche, trajinando
por la incertidumbre de lo real,
que auscultas en frío, musicalmente
mantenida en frío pues debe
enfriar la idea,
         y aun enfriarse
tanto que cualquier anhelo de unidad,
de negativa a distinguir qué tenemos
de figuras dobles, esfinges, centauros, cinocéfalos,
se desvanezca por quimérico:
         lo real ha de asirse
         como una nada que vemos
        y otra que no está ante nosotros.
Si se es el hombre indicado, precisamente,
cuando siéndolo no lo sea hay y aquí
porque adivina que su círculo se acaba
con él, se cierra con él mismo,
        y no se admitirá
como dueño sino de melancolías, furia de realizar,
titubeos.
        y sin repugnancia
ni adhesión par lo que produce;
precisamente, ¿eh, rapiñador
advertido de que no hay más que momentos:
                fugaces los éxtasis, arias
la dicha y la perdición?,
        como lo fijaste hallando
la expresión en una autopsia,
ratas jóvenes debajo del diafragma,
a la vez que discurrías de quitarte
del medio en verano, cuando lo diáfano reina.



EL HECHO DE SER TAL

1

Uno en lo que es,
        lo que es, rasgos
que se le dan por alusiones,
medias palabras, matices del sentimiento.

2

Como ser uno su casa,
legítimo dueño,
        y ser los huéspedes
que se van alojando, tumultuosos,
aplicados a confundirnos,
suplantarnos,
        y desvanes
donde uno guarda sobras.

3

Una entidad que al exhibirse
a si misma insinúa el rostro
de su esencia, efluvio
que acabará por volar,
        y un arte, el de en uno
todos,
        uno, el que separa
la arena y recoge el oro,
uno, el atento
al seducir de las flores,
excitarse de las hierbas.

4

El hecho de lo exclusivo
en lo que sea,
        y por instinto,
como agua que corre, flotar de nubes,
como planea el milano,
salta el pez, como ríe el cuervo.



ARIA CORTA Y LIGERA

La dispersión que sigue
a la concentración:

             fase en que los gritos
lastimeros van ahogándose,
y enmudeces,
quedas exánime, boca abajo,
balde, pote invertido,
                        balde, pote,
con residuos en el fondo,

                  y fase de cuando
te recobras,
                 reiteras
                 tu sobresalto
de caballo que respinga,
tasca el freno,
                      el definitorio, fugacísimo
estadio de recriminarte a ti misma
cómo la exclusiva riqueza
que el amor te concedió, mañosamente,
son las incompatibilidades,
              y por tu exclusiva culpa hiciste
que tu inocencia anduviera
a la zaga de la esperanza,
y ésta a la zaga del desánimo.



CABALISTA

Enseñó que el uno
es el punto,
            presupone
el vacío, ausencia de oposición:
                      el uno como todo,

y predicó que el dos, dual,
trae diversidad,
                extiende
el punto a línea,


y de ambas cifras
produjo la conciliación
en el tres, tríada,
                  como lo neutro, cópula del juicio.


Dónde ahora está
         -si es que en esa
espectral atmósfera subsiste
un ahora, hay un aquí-
              pudiera no aleccionar
más que de la cifra siete,
              sujeto para siempre a que detrás
de los siete velos de luz y tinieblas
escondiendo el rostro de la Divinidad
mora el fuego activo
              y vacíos sus prodigios del saber, arte vano
para que se descorra el interior del fuego.



POR LA VÍA NEGATIVA

Persevarar en lo equívoco.
           sin someterlo
al examen de sí, no,
verdadero, falso,

sin aparente menoscabo
por sus disyuntivas, distancias
que provoca entre juicios y hechos,
           el instinto de resistirnos
a impropiedades,
             la inteligencia herida
por inéditas asociaciones,

sin figurárnoslo
en imagen, en la condición de objeto:
              lo equívoco visto
como agujero al que se cae
inadvertidamente,
                 una criatura
con alas de brillante verde
intenso al posársenos,
alas mohosas al sacudirnos;


sin que nuestra
menesterosa observación advierta
cuando abandona el campo, acallándose,
             la instancia
en que de error pasa a ser su antítesis.



FAUSTICO

Al cerrar el libro
la consabida reminiscencia:
               ¡darse a una
Noche de Walpurgis propia!,


             beldades que maliciosamente
se le acercan, cortejan, excitan,
rozándole los hombros,
tocándole los talones,
                     Lamias semidesnudas
yéndose de entre sus dedos,
transformadas en viejas escobas,
polvorientos hongos,
deformes y delgados tirsos,
piñas por cabezas.


Trivial,

                        ¡querer de ese desfile, gozo
asistido por el cinismo y la furia,
una dádiva para su inmortalidad de lector,
mudable e inmutable,
como nube y como esfinge!


Pero no trivial
su obstinación, que a fuerza
de recorrerla la letra se le doblegue,
la mente no quiera ya disuadir,
            visibles y familiares
las marcas de un pie equino sobre la mesa.


JUEGO ALEGÓRICO


     Singular contradicción,
que a los mejores cazadores
en verdad no les seduce cazar,

     cumplen, es todo,
ni liebres ni fieras escaparían,

     mostrándose hábiles,
nunca se precian, en escena, coto,
entran como casualmente,
        sin intimar,
ensañamientos,
así que ante ellos las presas en ciernes
no busquen escondrijos, dilaciones hacia nada.

     Pero es que codician
logros más consistentes,
que no basta cobrar piezas, numerarlas,
y la cualidad de mejores los destaca
cuando luego de cazar ejercen
su derecho de gracia,
        eligiendo cuáles presas
la merecieron, siempre aquellas
que rehúsen salvarse, en nombre
de que el tiempo no hará distingos,
en común hollado por cazadores, víctimas,

      para ambos, la caza
como disgusto, el herir de unos
necesitado del restañar de los otros,

     a merced, ambos,
de idénticas noticias,
        pues, ¿les mandará la muerte
a decirles cuánto es amiga, consolarlos?,
        ¿les transmitirá
lo que cazadores, presas, quisieran,
bajo forma de mantras, plegarias, máximas
        que mejor entre los mejores
tiradores es quien sabe cada vez
no más que rozar la vida de sus presas?