Monday, June 30, 2008
LOUIS ARAGON (1897-1982)
VERS À DANSER
Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin minuit midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble
C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon coeur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble
Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble
IL N’Y A PAS D’AMOUR HEREUX
Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux
Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux
Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux
Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux
Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux
PUR JEUDI
Rues, campagnes, où courais-je ? Les glaces me chassaient aux tournants vers d’autres mares.
Les boulevards verts ! Jadis, j’admirais sans baisser les paupières, mais le soleil n’est plus un hortensia.
La victoria joue au char symbolique : Flore et cette fille aux lèvres pâles. Trop de luxe pour une prairie sans prétention :
aux pavois, les drapeaux ! toutes les amantes seront aux fenêtres. En mon honneur ? Vous vous trompez.
Le jour me pénètre. Que me veulent les miroirs blancs et ces femmes croisées ? Mensonge ou jeu ? Mon sang n’a pas cette couleur.
Sur le bitume flambant de Mars, ô perce-neiges ! tout le monde a compris mon cœur.
J’ai eu honte, j’ai eu honte, oh !
SOIFS DE L’OUEST
Dans ce bar dont la porte
sans cesse bat au vent
une affiche écarlate
vante un autre savon
Dansez dansez ma chère
nous avons des banjos
Oh
qui me donnera seulement à mâcher
les chewing-gums inutiles
qui parfument très doucement
l’haleine des filles des villes
Epices dans l’alcool mesuré par les pailles
et menthes sans raison barbouillant les liqueurs
il est des amours sans douceurs
dans les docks sans poissons où la barmaid
défaille
sous le fallacieux prétexte
que je n’ai pas rasé ma barbe
aux relents douteux d’un gin
que son odorat devine
d’un bar du Massachussets
Au trente-troisième étage
sous l’œil des fenêtres
arrête
Mon cœur est dans le ciel et manque de vertu
Mais les ascenseurs se suivent
et ne se ressemblent pas
Le groom nègre sourit tout bas
pour ne pas salir ses dents blanches
Ha si j’avais mon revolver
pour interrompre la musique
de la chanson polyphonique
des cent machines à écrire
Dans l’état de Michigan
justement quatre-vingt-trois jours
après la mort de quelqu’un
trois joyeux garçons de velours
dansèrent entre eux un quadrille
avec le défunt
comme font avec les filles
les gens de la vieille Europe
dans les quartiers mal famés
Heureusement que leurs lèvres
ignoraient les mots méchants
car tous les trois étaient vierges
comme on ne l’est pas longtemps
CHAMBRE GARNIE
À l’hôtel de l’Univers et de l’Aveyron
le Métropolitain passe par la fenêtre
La fille aux-yeux-de-sol m’y rejoindra peut-être
Mon cœur
que lui dirons-nous quand nous la verrons
Compte les fleurs ma chère
compte les fleurs du mur
Mon cœur est en jachères
Attention
L’escalier est peu sûr
Que n’es-tu la vachère
qui mène les amants en Mésopotamie
CHARLOT MYSTIQUE
L’ascenseur descendait toujours à perdre haleine
et l’escalier montait toujours
Cette dame n’entend pas les discours
elle est postiche
Moi qui songeais à lui parler d’amour
Oh le commis
si comique avec sa moustache et ses sourcils artificiels
Il a crié quand je les ai tirés
Étrange
Qu’ai-je vu Cette noble étrangère
Monsieur je ne suis pas une femme légère
Hou la laide
Par bonheur nous
avons des valises en peau de porc
à toute épreuve
Celle-ci
Vingt dollars
Elle en contient mille
C’est toujours le même système
Pas de mesure
ni de logique
mauvais theme
FUGUE
Une joie éclate en trois
temps mesuré de la lyre
Une joie éclate au bois
que je ne saurais pas dire
Tournez têtes Tournez rires
pour l’amour de qui
pour l’amour de quoi
pour l’amour de moi
ACROBATE
Bras en sang Gai comme les sainfoins
L’hyperbole retombe Les mains
Les oiseaux sont des nombres
L’algèbre est dans les arbres
C’est Rousseau qui peignit sur la portée du ciel
cette musique à vocalises
Cent A Cent pour la vie
Qui tatoue
Je fais la roue sur les remparts
ÉCLAIRAGE À PERTE DE VUE
Je tiens ce nuage or et mauve au bout d'un jonc
l'ombrelle ou l'oiselle ou la fleur
La chevelure
descend des cendres du soleil se décolore
entre mes doigts
Le jour est gorge-de-pigeon
Vite un miroir Participé-je à ce mirage
Si le parasol change en paradis le sol
jouons
à l'ange
à la mésange
au passereau
Mais elles qui vaincraient les grêles et l'orage
mes ailes oublieront les bras et les travaux
Plus léger que l'argent de l'air où je me love
je file au ras des rets et m'évade du rêve
La Nature se plie et sait ce que je vaux
PARTI-PRIS
Je danse au milieu des miracles
Mille soleils peints sur le sol
Mille amis Mille yeux ou monocles
m’illuminent de leurs regards
Pleurs du pétrole sur la route
Sang perdu depuis les hangars
Je saute ainsi d'un jour à l'autre
rond polychrome et plus joli
qu’un paillasson de tir ou l’âtre
quand la flamme est couleur du vent
Vie ô paisible automobile
et le joyeux péril de courir au devant
Je brûlerai du feu des phares.
LES POÈTES.
SHAKESPEARE.
À lui la baguette magique
Le pouvoir de tout enchaîner ;
Il riva la Nature aux plis de sa tunique,
Et la Création a su le couronner.
MILTON.
Son esprit était un pactole
Dont les flots roulaient de l’or pur,
Un temple à la vertu dont la vaste coupole
Se perdait dans les cieux au milieu de l’azur.
THOMPSON.
Après le jour la nuit obscure,
Après les saisons les saisons,
Ses chants qui sont gravés au sein de la nature
Iront de l’avenir dorer les horizons.
GRAY.
D’un vol grandiose il s’élève,
La foudre il la brave de l’œil,
Le nuage orageux il le passe, puis s’enlève
Lumineuse trainée au sein de son orgueil.
BURNS.
De la lyre de sa patrie
Il fit vibrer les plus doux sons,
Et son âme de feu, céleste rêverie
Se fondit dans des flots d’admirables chansons.
SOUTHEY.
Où règne la nécromancie
Dans les pays orientaux,
Il aimait promener sa riche fantaisie,
Son esprit à cheval sur les vieux fabliaux.
COLERIDGE.
Par le charme de sa magie
Au clair de la lune le soir
Il évoquait le preux, et du preux la vigie,
La superstition, hôte du vieux manoir.
WORDSWORTH.
Au livre de philosophie
Il suspendit sa harpe un jour,
Là, placé près des lacs, il chante, il magnifie
Dans ses paisibles vers la nature et l’amour.
CAMPBELL.
Enfant gâté de la nature
L’art polit son vers enchanteur,
Il sut pincer sa lyre et gracieuse et pure,
Pour amuser l’esprit, et réchauffer le cœur.
SCOTT.
Il chante, et voyez ! jà s’élance
Le Roman que l’on croyait mort,
Et la Chevalerie et la Dague et la Lance,
Sortent de l’Arsenal poussés par son ressort !
WILSON.
Son chant comme une hymne sacrée
S’infiltre de l’oreille au cœur ;
On croirait qu’il vous vient de la voûte éthérée
La voix d’un chérubin, d’un saint enfant de chœur.
HEMANS.
Elle ouvre la source des larmes
Et les fait doucement couler,
La pitié dans ses vers elle a les plus doux charmes
Et le lecteur ému s’y laisse affrioler.
SHELLEY.
Un rocher nu, bien solitaire
Au loin par de là l’océan,
Crévassé par le choc des volcans, du tonnerre,
Voilà quel fut Shelley, l’audacieux Titan !
HOGG.
Vêtu d’un rayon de lumière
Qu’il sut voler à l’arc-en-ciel,
Il voit fée et lutin danser dans la clairière,
Et faire le sabbat loin de tout œil mortel.
BYRON.
La tête ceinte de nuages,
Ses pieds étaient jonchés de fleurs,
L’ivresse et la gaité, le calme et les orages
Trouvent en ses beaux vers un écho dans les cœurs.
MOORE.
Couronné de vertes louanges
Et pour chaque œuvre tour à tour,
Moore dans les bosquets se plait avec les anges
À chanter les plaisirs de son Dieu… de l’Amour !
JE DIRAI LA MESSE D’ELSA
Je dirai la messe d'Elsa sur les marches du soir profond
Quand les oiseaux quittent le ciel où la fin du jour se confond
Comme un acteur qui ne sait pas retrouver les mots de son rôle
Du jardin sombre à ma narine ô le parfum coupé des buis
À peine entend-on sur les toits le piano lointain des pluies
Et la chasuble de la nuit se prépare pour mes épaules.
Je dirai la messe d'Elsa quand vous serez tous à genoux
Comme l'enfant près de son lit dont l'âme tout bas se dénoue
Je dirai la messe d'Elsa pour le pardon de ce que je l'aime
Avec les mots tombés du nid avec les mots des jours qu'il pleut
Avec les mots amers et doux comme cette vie à nous deux
Avec les mots du temps perdu ceux du phantasme et du blasphème.
Je dirai la messe d'Elsa pour couvrir le parler des loups
Je dirai la messe d'Elsa mes paumes ouvertes aux clous
Je dirai la messe d'Elsa sous le soleil noir des tortures
Je dirai la messe d'Elsa quand on me roulerait d'orties
Je dirai la messe d'Elsa tant que l'âme m'en soit sortie
Et qu'il m'en éclate le coeur et le corps m'en soit pourriture.
Je dirai la messe d'Elsa sans yeux sans mains les dents brisées
Je dirai la messe d'Elsa d'entre les lèvres sans baisers
Que fait à l'homme cet hiver jusqu'à mourir de son vieil âge
Je dirai la messe d'Elsa dans la raison de ma folie
Dans la mémoire de l'oubli jusqu'en mes liens si l'on me lie
Jusqu'à la terre dans ma bouche où s'achève enfin le voyage.
LES MAINS D’ELSA
Donne-moi tes mains pour l'inquiétude
Donne-moi tes mains dont j'ai tant rêvé
Dont j'ai tant rêvé dans ma solitude
Donne-moi te mains que je sois sauvé
Lorsque je les prends à mon pauvre piège
De paume et de peur de hâte et d'émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fond de partout dans mes main à moi
Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Ce qui me bouleverse et qui m'envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j'ai trahi quand j'ai tresailli
Ce que dit ainsi le profond langage
Ce parler muet de sens animaux
Sans bouche et sans yeux miroir sans image
Ce frémir d'aimer qui n'a pas de mots
Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent
D'une proie entre eux un instant tenue
Sauras-tu jamais ce que leur silence
Un éclair aura connu d'inconnu
Donne-moi tes mains que mon coeur s'y forme
S'y taise le monde au moins un moment
Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement
LES YEUX D’ELSA
Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir s'y mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés,
Tes yeux sont si profonds que j'y perd la mémoire.
Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel après la pluie
Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure.
Une bouche suffit au mois de Mai, des mots
Pour toutes les chansons et pour tous les " hélas ! "
Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux.
Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
Des insectes défont leurs amours violentes
Je suis pris au filet des étoiles filantes
Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août.
J'ai retiré ce radium de la pechblende
Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
O paradis cent fois retrouvé, reperdu,
Tes yeux sont mon Pérou, ma Colconde, mes Indes
Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que des naufrageurs enflammèrent,
Moi, je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa... les yeux d'Elsa... les yeux d'Elsa ...
LES RENDEZ-VOUS
1
Tu m'as quitté par toutes les portes
Tu m'as laissé dans tous les déserts
Je t'ai cherchée à l'aube et je t'ai perdue à midi
Tu n'étais nulle part où j'arrive
Qui saurait dire le Sahara d'une chambre sans toi
La foule d'un dimanche où rien ne te ressemble
Un jour plus vide que vers la mer la jetée
Le silence où j'appelle et tu ne réponds pas
Tu m'as quitté présente immobile
Tu m'as quitté partout tu m'as quitté des yeux
Du coeur des songes
Tu m'as quitté comme une phrase inachevée
Un objet par hasard une chose une chaise
Une villégiature à la fin de l'été
Une carte-postale dans un tiroir
Je suis tombé de toi toute la vie au moindre geste
Tu ne m'as jamais vu pleurer pour ta tête détournée
Ton regard au diable de moi
Un soupir dont j'étais absent
As-tu jamais eu pitié de ton ombre à tes pieds.
2
Je ne t'ai jamais trouvée aussi belle qu'à l'heure où tu désespères de toi
L'émail m'éclate à l'oeil de cette clarté sur ma vie à l'approche de ton visage
Les mots sont en miettes de te voir les rimes meurent au moindre geste que tu fais
Être à ton souffle est suspendu vivre à ta voix Je ne suis que la peur de ton silence
Il me faut prendre à te parler des chemins fous pour te surprendre au coeur des rêveries
Et je te donne dans les mots des rendez-vous où tu ne viens pas une fois sur mille
Mais la millième la millième.
3
Je ne sais plus où donner de la tête
Je ne sais plus de quoi te protéger
Ô mon amour à qui tout est tempête
Tout est danger.
Ô mon amour qu'en vain d'autrui je garde
Chaque parole est piège à mes tourments
Les choses tues me font l'âme hagarde
À tout moment.
J'ai peur du vent de l'ombre et la lumière
J'ai peur en moi d'un enfer mal dompté
Vivre est toujours cette terreur première
Du vivre ôté.
Je vois le mur et j'entends la truelle
C'est dans mon coeur que le temps est creusé
Ô toi qui tiens dans ta bouche cruelle
L'instant brisé.
Viens je t'attends mon bourreau sans visage
Depuis longtemps tout bas je t'appelais
Ainsi pourquoi faire durer l'ouvrage
Fouiller ma plaie.
4
Tout ce que je ne puis à haute voix te dire
Ce blé secret dans moi qui se flétrit montré
Ma parole n'est qu'une excuse à l'impudeur de l'âme
Un masque où le regard trahit seul sa profonde contrée.
Même un baiser fût-il une flamme à la Pentecôte
Même la violence et le lit dévasté
Tout ce qu'un son résume est trahison de la bouche
Un pan d'étoffe sur le visage inavouable de l'amour.
Je me souviens de toi comme un palais qui parcourt ses propres chambres
Quelque part dans la montagne au dessus d'Aix-les-Bains
Ou le bateau qui nous emporte en Amérique
Ou le parfum des roses piétinées
Quand nous sommes revenus après le départ des soldats
Je me souviens de toi comme d'une chose interdite
Comme le voleur d'avoir pris
Ô mon amour ô mon crime.
Et même à toi je cacherai combien je t'aime
Tu ne supporterais pas ce feu dont je brûle sans fin
Déjà le peu de dire est trop j'en tremble j'imagine
Ainsi chaque pas inventé dans l'espace inventé pour les hommes périsélènes
Ou comme un cheval dans sa course pris de la male-faim le meurtrier qui n'a plus de mots que pour le meurtre.
Oh je ne dirai pas je t'aime j'ai trop peur
Des flambures que cela laisse à l'homme intérieur
À son gosier.
5
Qui n'aime à douleur peut-on dire il aime
Laissez-moi t'aimer ce peu de moi-même
Ce reste du temps toujours contesté
Laissez-moi t'aimer ce rien que je dure
Et cesse durer par même aventure
Que se meurt le chant pour être chanté.
J'aime à contre-temps d'une amour qui semble
Un déchirement sans fin d'être ensemble
Et ne l'être plus un déchirement
Sans fin de savoir où cela nous mène
Et la fin pourtant dans mes mains humaines
De ce coeur qui bat inhumainement.
Dieu que chaque nuit me rend dérisoire
Un peu plus ce coeur et sa longue histoire
Et fait chaque jour un peu plus affreux
Cette amour en moi qu'à mourir je porte
Et qui me meurtrit d'un jour être morte
D'un jour être cendre est malheur du feu.
6
Et ce n'est point aimer que n'aimer à douleur
Cette main que je tiens encore elle s'enfuit
Tout le bonheur du jour n'annonce que la nuit
J'aurai passé comme un voleur.
Voleur de moi le coeur me bat mes pas m'effraient
Le temps entre mes doigts n'est qu'un dieu périssable
Et le sang qui m'habite a la couleur du sable
Ma mort est écrite à la craie.
Pauvre cheval en plein labour hanté des femmes
Pauvre cheval jamais rassasié du foin d'aimer.
7
Une fois c'était la guerre il n'y avait
Qu'un souffle pâle et des pas lourds il n'y avait
Qu'un monde inverse et des bras vides
Il n'y avait qu'un soleil séparé d'un coup de sabre
Ô visage blessé
Et les papiers collés des vitres
Une fois c'était la guerre et le désert des Tuileries
Un temps nu de poussière et de soupcons.
T'en souviens-tu rue de la Paix
Nous avions choisi ce bar aux rideaux plissés pour une improbable rencontre
J'y penserai plus tard quand tout semblera perdu
Nous n'y sommes jamais entrés par la suite
Le temps de nous rejoindre et j'avais les cheveux blancs
La vie est pleine ainsi de portes battantes
De projets sans toiture et de marches manquées.
Il me semble aussi que quelque chose à la craie
Indiquait au plafond d'où viendrait la lumière
C'était un appartement que nous n'avons pas loué
Dans une petite rue étroite rive gauche.
Et nous ne sommes pas allés ensemble à Grenade
Je n'étais pas avec toi dans les îles du corail
Et tous les films à la dernière minute qu'on renonce à voir
Je t'ai attendue à tous les coins de vie
Rendez-vous rendez-vous manqués
Combien de fois suis-je sorti dans l'escalier
Pour te voir qui fait halte entre les deux étages
Or ce n'était pas toi.
Regarde ce grand chapelet d'amertumes
Où je dis mon chemin de croix
Un taxi s'est arrêté devant la porte
Il en est sorti dans la nuit un monsieur qui ne te ressemblait pas.
Je suis mort tant de fois de t'attendre
Et tu n'en as jamais pleuré.
Bien plus tard bien plus tard l'avion qui t'apporte
Mystérieusement fait demi-tour dans le ciel du Bourget
Je t'ai d'en bas regardé fuir vers Amsterdam
Mais simplement chaque soir lorsque tu fermes les yeux
Et qu'importe si ce n'est pas cette fois la Hollande
Je ne crois pas un mot des rêves racontés
C'est toujours la guerre pour moi quand tu t'éloignes
Ou si tu dors toujours la guerre écoute l'heure
Après l'heure sonner
Cigogne en l'air qui s'étonne
Pour s'être trompée de saison
Oh si tu savais seulement comme auprès de toi chaque nuit
J'ai chaque nuit appris ce qu'est la solitude.
L'existence après tout n'est qu'une nuit plus longue
Mais qui n'a point la fin d'une aube
Et même contre moi je sais bien que tu es dans la chambre à côté.
Cette fois cette fois n'est pas encore la millième.
Monday, June 23, 2008
MARILINA RÉBORA (1919-1999)
A MI HIJO
Alguien dijo que recuerdas
un niñito de Murillo,
y en verdad que lo pareces
por tu gracia y por tus rizos.
Tienes cabellos castaños,
ensortijados y finos
con algo de oro en las sienes,
como si fuera rocío.
La tez pálida y morena,
negros ojos expresivos
que miran llenos de asombro,
como miran los del niño.
Estabas con tus juguetes,
de pie sobre el ancho piso,
cuando te vi de repente
junto al blanco corderillo;
y al mismo tiempo la imagen
que tuviera en el olvido
apareció viva y fuerte,
tan clara como un prodigio.
Sin perder un solo instante,
entré de un salto al recinto
y trepando como pude
saqué el Cristo de su sitio,
colocándolo a tu lado
según era mi designio.
Y después, en un arranque
de ternura y de cariño,
orgullosa más que nunca
de mi hijo y de mi niño,
exclamé dándote un beso
en ese rostro tan lindo:
‘¡Eres el San Juan Bautista
más delicioso que he visto!’
ANSIEDAD
Ansia de estar un día en un puente de mando,
recibir en el rostro el castigo del viento;
sin ninguna arribada, por siempre navegando,
sin dudas ni temores, cansancio o desaliento.
Y no saber siquiera, en qué forma, ni cuándo,
ha de concluir el viaje -en milagro de cuento-;
ni cuándo retornar a éste mi lecho blando,
ni a la antigua ventana, ni al dorado aposento.
Acres de sal los labios, ruda racha en la frente,
perdido el horizonte, sin destino la nave,
sin nada que la guíe, sin nadie que la oriente,
mecida por las olas, columpiada en la cresta,
apenas sobre el mástil las alas de algún ave;
sólo el rumor del mar, y Dios como respuesta.
DESENCANTO
Yo quisiera quererte como antes te quería,
y sentirte, como antes, en todo consecuente,
yo quisiera decirte: te quiero, todavía...
y recibirte, al fin, con ánimo sonriente.
Yo quisiera tomar tu mano con la mía,
y llevarlas fraternas, como antes, a mi frente,
guardándote a mi lado, junto a mí, todo el día,
saber que estás conmigo, aunque te halles ausente.
Pero ya no es posible que esta dicha suceda
-desde que el desencanto se apoderó del alma-
y pienso que vivir así tampoco pueda...
porque quiero querer y mi amor se resiste,
porque quiero esperar, cuando no tengo calma,
porque quiero reír y por siempre estoy triste.
ALEJAMIENTO
Resultará forzoso el cruel alejamiento
y habrá que decidirse, como lo inevitable,
lo mismo que aceptamos la violencia del viento,
el rugido del mar o el tiempo inexorable.
Habrá que tener ánimo en el fatal momento
para abdicar de todo lo que nos fue agradable,
y saber resignarnos en el recogimiento
con el gesto tranquilo ante lo inapelable.
Los ojos en el cielo, frente al azul del día,
serán dulce consuelo las venturas de otrora
-el hogar de la infancia, juventud, poesía-,
y al alumbrar la luna, al filo de la sombra,
tendré la paz ansiada, y llegará la hora
en que cerca de Dios, tan sólo a Dios se nombra.
TODOS SOPORTAREMOS
Todos soportaremos justo castigo, un día,
por incurrir en yerros; mas las vacilaciones
en realizar el bien han de ser todavía
peor escarmentadas que las ruines acciones.
Cuántas veces pudimos servir de compañía;
y, cuántas, elevar piadosas oraciones,
ser apoyo, consuelo o la fraterna guía,
ánimo para el débil, para el triste canciones.
El Señor que lo sabe puede pedirnos cuenta
sobre nuestra desidia y egoísta descuido;
más grave que el exceso que concluye en afrenta
y que muchos errores propios del ser humano
es el bien que no hicimos al no prestar oído
a quien salvado hubiéramos con extender la mano.
HIJOS
Lo sabréis desde ahora -para eso sois mi vida-:
cuando un día me vaya, no será que lo quiera,
así lo habrá dispuesto, en lugar y medida,
el Señor que en lo alto a todos nos espera.
No habrá de serme fácil la última partida,
aunque habré de esforzarme en parecer entera;
pensaré, para el caso, en una despedida
como lo fueron tantas, como una más, cualquiera.
Quedará el corazón, cual ave en su retiro,
aquí, junto a vosotros, para el llamado atento,
que el alma se irá a Dios con el postrer suspiro
-corazón y alma forman la espiritual sustancia-;
y habréis de sonreírme, como antes, en la infancia:
lozanas las mejillas, la cabellera al viento.
HIC ET NUNC
Como San Pablo, digo: -Aquí, Señor, y ahora.
No habré de malgastar el tiempo que me diste,
tampoco ha de encontrarme nuevamente la aurora
con las vacilaciones del medroso o el triste.
Ni siquiera con dudas que malogren la hora
-en que, tal vez, para algo supremo me elegiste-,
dilaciones inútiles, excusas y demora,
por cuanto el corazón de sus ansias desiste.
Emprenderé sin más, resuelta, mi tarea,
para llevarla a cabo en el mismo momento:
cotidiana labor, con firme iniciativa
u hogareño trabajo, por humilde que sea.
Y si debo expresar el noble pensamiento,
lo escribiré al instante para que en otros viva.
(Aquí, siempre y ahora, leal a lo que siento.)
VEN, MADRE, A DESCANSAR...
Ven, madre, a descansar de todos tus trabajos
hasta el jardín umbroso que cultivo en mis sueños,
a la luz de luciérnagas y áureos escarabajos
y la mágica ayuda de esos seres pequeños,
los gnomos, que se visten con trajes escarlata
y brotan cuando alumbran las primeras estrellas,
que usan zapatitos con hebillas de plata
sin dejar en el musgo la marca de sus huellas.
Cantarán para ti la cigarra y el grillo,
ocultos entre hiedras, glicinas o jazmines.
Y con las hojas muertas haremos un castillo
con muros almenados en oro y amarillo,
hasta que se deshaga por sobre los jardines
(en tanto la cabeza sobre mi hombro inclines).
DIOS EXISTE
Dos de la madrugada. En trémula zozobra;
los silencios, vivientes; la oscuridad sin borde;
cuando la fuerza falta y la tristeza sobra,
en soledad infinita para estar más acorde.
De improviso resuena el son de un benteveo
con tono tan alegre que regocija el alma,
y es tal la donosura de su simple gorjeo
que sonrío, infantil, renacida la calma.
Y digo: Dios existe; es El quien me conversa
como a niña medrosa perdida en la espesura,
para que no me queje sintiéndome en olvido.
La breve melodía, al viento se dispersa.
Y me quedo pensando por tierna conjetura:
¿en qué rincón de cielo habrá colgado un nido?
NO LE DIGÁIS
No le digas, Estrella, que de noche suspiro,
ni le cuentes, tampoco, que en el azul navego;
que no sepa que, triste, ni advierto lo que miro
y no se entere nunca del porqué de mi ruego.
No le digas, Jazmín, que tu fragancia aspiro,
recordando su amor para llorarle luego,
y que es entonces sólo cuando amante respiro
y en tu casto perfume encuentro mi sosiego.
Dile Estrella, mejor, que contemplo dichosa
la lumbre de tu luz a mis deseos, fiel.
Dile Jazmín, siquiera, que el lirio y que la rosa
consuelan como tú en el antiguo vaso.
(Y que guarden los dos -sin que lo sepa él-,
el amor que le tuve y que me tuvo, acaso!)
DIRÍA QUE LO QUIERO
Diría que lo quiero,
aunque el mundo se opone,
la gente condena
y está vedado por eso que llaman equilibrio.
Diría que lo quiero,
si pudiera romper las ataduras:
respeto -el que me inspira-;
miedo de que la voz resuene en eco;
pudor en que mi pobre discurrir mueva a piedad su espíritu de luz.
Diría que lo quiero,
pese a ese límite impuesto por los hombres;
ley de lo que se debe o no se debe,
frontera imposible.
Y si la traspasara,
¿no entrevería, tal vez, esplendente aurora de vida nueva?
¿No alcanzaría, al fin, la estrella que alumbra mis noches,
a cuya claridad no oso revelarme?
¿No me acunaría ¡loado sea Dios!
el ángel de mis sueños,
ése que me falta para hermanarse con el mío?
¿No conseguiría el azul sin mácula,
mi cielo -cielo mío y suyo-,
el que Dios nos promete
allá cuando cantemos
el Himno a Su Gloria?
Diría que lo quiero,
ante todos los árbitros;
a gritos, tras la reja,
noche o día, siempre auténtica.
El, él, siempre él.
Recorre a mi lado senderos lejanos;
prueba conmigo el pan que llevo a mi boca
con unción casi eucarística
y aspira, al mismo tiempo que yo,
el aroma de la flor
que abre en mi balcón a fuerza de creársela.
Y, al despertar de las mañanas,
me inunda, como cuando niña,
disipado el pavor de la triste noche solitaria
-aquel de que mis padres hubieran podido no estar ya a mi lado-,
la alegría de saberlo conmigo.
Diría que lo quiero,
en el caminito que arrulla a la hormiga mientras columpia su carga;
en el temblor leve del ala de la mariposa;
en el casto perfil de la luna nueva;
en el haz de luz que cuela por el postigo;
en la ranita del estanque, que no habla y me comprende.
Diría que lo quiero,
simplemente.
Rindo humilde testimonio -amor que me redime-:
de rodillas digo que lo quiero.
Aunque no me siento digna.
A LA MUERTE
I
Muerte,
fatal término, ausencia por siempre.
Sólo el campo yermo que nos recibe,
de su tierra, nuevo abono.
Nunca más la fragancia de la brizna de hierba
ni el arder de encendidos leños;
tampoco la fina llovizna de la ola rompiente
en el rostro de frescura ávido.
II
“Era nuestra madre”, dirán después los hijos
con ternura en los ojos.
El dolor de la ausencia, olvidados objetos
mañana joyas auténticas.
“Ella decía...”, repetirán las frases
antes molestas
a causa de desgano
o ansias de silencio
o sueños de libertad.
Sílabas musicales enhebrarán palabras en recuerdos imperiosos,
desesperación de volver a vivir en el tiempo...
Tarda respuesta a un canto de amor.
“¿Recuerdas aquel gesto?
“¿Y su sonrisa triste?
“¿Y su pensamiento fijo en nosotros?
“¿Sus manos, suavidad de alas rozando nuestros rostros?
“¿El paso quedo junto a nuestro lecho en la alta noche
y el murmullo de plegaria para encomendarnos a Dios?”
III
Poco a poco el ausente
más lejos cada vez en el recuerdo
-que alguien siempre lo reemplaza-;
sus cosas van perdiendo la fragancia que de él se desprendía,
impregnándolas;
la manera de inclinarlas no es la misma
y en el tiempo
va cambiándoselas de sitio.
Cada día su nombre acude menos al labio.
Las lágrimas en manantial ya no brotan;
tan sólo de a una
que se enjuga furtiva.
Hasta que todas secan
agotada la fuente de dolor.
Un velo cubre entonces la imagen en la retina,
la maleza oculta la antes nítida figura en todo paisaje,
visten los ambientes colores de seres distintos
que distraen,
va el alma tras vivencias nuevas.
Y un día
se llora el olvido.
(Tú, Muerte tan temida,
sólo eres un pretexto:
el olvido es más cruel que tu guadaña.)
EL MUÑECO
¡Madre!, clama en voz queda mi ferviente mensaje;
¡madre, mi madre, acude porque te necesito!
La voz, primero tierna, va haciéndose salvaje:
si al comenzar fue ruego, termina siendo grito.
Todo ansias de amor el son de mi lenguaje,
salvando las alturas en pos del infinito,
desesperante, alcanza, tras impetuoso viaje,
acento de mandato para aquel ser bendito.
Sólo que a su momento la voz se pierde en eco;
el sonido se expande con angustia de ausencia,
y recuerdo, de pronto, el ¡mamá! del muñeco.
Yo también lo repito, como él lo repetía,
y me siento el muñeco de trágica presencia
ya que nadie responde, mi dulce madre mía.
AMOR, YA NO TE EXTRAÑO
Amor, ya no te extraño, porque siempre te encuentro
en la nube viajera, en el astro distante,
en el rumor del mar, en el viviente centro
de la flor que eclosiona, en el áureo levante.
Amor, ya no te busco, porque te llevo dentro
con la impasible luna, con el sol abrasante,
con el fulgor de afuera y la sombra de adentro,
la inmortal siempreviva y el azahar fragante.
Estás conmigo siempre: te tenga o no te tenga,
te siento al lado mío, aunque te encuentres lejos,
en el fondo del alma, bien que no te retenga,
para advertir entonces, recién, de la medida
en que te quiero ahora, que vamos para viejos.
Mi cariño traspasa los bordes de la vida.
LA HORMIGA
Sin saber que es domingo, ruidoso día de fiesta,
va llevando su carga la minúscula hormiga:
el trozo de una hoja en perfilada cresta
colúmpiase oscilante sin impedir que siga.
Apenas se apresura, que caminar le cuesta,
y se esfuerza consciente pues el deber la obliga,
prosiguiendo el sendero, pese a tal lastre, enhiesta,
pero sin detenerse ni demostrar fatiga.
¿Cómo sigue su rumbo el portentoso insecto,
conociendo infalible la dirección que toma?
¿Qué indicios lo conducen por previsto trayecto
y alcanzar sin perderse el lugar donde vive?
¿Será acaso la brisa? ¿O tal vez el aroma?
¿Quizá la propia tierra por su altura o declive?
¿Cuál será la conciencia de un obrar tan perfecto?
MAR DE VIDRIO
(Apocalipsis)
Dijiste: "Mar de vidrio", Señor, y es lo que quiero;
un mar que te refleje en toda tu grandeza,
por sobre el cual camines -tu lámpara, el lucero-
para ver, al trasluz, del mundo la tristeza.
Dijiste mar de vidrio, un cristal sin bisel
ni resquebrajaduras, sólo un único trozo,
en cuya superficie se reproduzca fiel
el que ríe feliz o el que ahoga un sollozo.
Y el mar tuyo, Señor, ése al que te refieres,
¿tendrá, al igual que el nuestro, arenas, caracoles?
¿Ondularáse en olas, si es así que lo quieres?
¿Revolarán gaviotas por verse en sus espejos?
¿Dormirá en él un sol o acaso muchos soles,
también vidrio sus crestas, de coral, con reflejos?
Apocalipsis
4, 6 Y delante del trono había como un mar de vidrio semejante al cristal...
15, 2 Y vi así como un mar de vidrio mezclado con fuego...
NO ME LLAMES POETA
No me llames poeta -un nombre con laurel-
porque mi voz apenas para cantar acierta;
acaso suavizada por amorosa miel,
tal vez unos acentos armoniosos concierta.
Puede sí que me escurra por el alto dintel
hacia regiones mágicas tras mi azulada puerta,
o que salve los mares en barco de papel
para poblar de trinos la comarca desierta.
Mi voz no fuera el tono para belleza tanta
ni tienen mis adentros un germen de tal genio,
el prodigio se opera por la fe simplemente,
lo mismo que madura la minúscula planta
a los rayos del sol, milagroso convenio
de la abeja y la flor, del ave con la fuente.
Thursday, June 19, 2008
JOSÉ ÁNGEL BUESA (1910-1992)
Ala y raíz
Ala y raíz: la eternidad es eso.
Y aquí, de frente al mar, en la ribera,
la vida es como un fruto que cayera
de un alto gajo, por su propio peso.
Ala y raíz. Y el ala, sin regreso,
a la raíz, con sed de primavera:
que así el confín de la emoción viajera
duerme a la sombra del follaje espeso.
(El mar corre descalzo por la arena.
Mi corazón ya casi es sólo mío.
El ancla está aprendiendo a ser antena
y el latido unicorde se hace escala.
Después, libre del tiempo, en el vacío,
Así: ¡mitad raíz y mitad ala!)
Amor tardío
Tardíamente, en el jardín sombrío,
tardíamente entró una mariposa,
transfigurando en alba milagrosa
el deprimente anochecer de estío.
Y, sedienta de miel y de rocío,
tardíamente en el rosal se posa,
pues ya se deshojó la última rosa
con la primera ráfaga de frío.
Y yo, que voy andando hacia el poniente,
siento llegar maravillosamente,
como esa mariposa, una ilusión;
pero en mi otoño de melancolía,
mariposa de amor, al fin del día,
qué tarde llegas a mi corazón...
Arte poética
Ama tu verso, y ama sabiamente tu vida,
la estrofa que más vive, siempre es la mas vivida.
Un mal verso supera la más perfecta prosa,
aunque en prosa y en verso digas la misma cosa.
Así como el exceso de virtud hace el vicio,
el exceso de arte llega a ser artificio.
Escribe de tal modo que te entienda la gente,
igual si es ignorante que si es indiferente.
Cumple la ley suprema de desdeñarlas todas,
sobre el cuerpo desnudo no envejecen las modas.
Y sobre todo, en arte y vida, sé diverso,
pues sólo así tu mente revivirá en tu verso.
Así, verte de lejos
Así, verte de lejos, definitivamente.
Tú vas con otro hombre, y yo con otra mujer.
Y sí que como el agua que brota de una fuente
aquellos bellos días ya no pueden volver.
Así, verte de lejos y pasar sonriente,
como quien ya no siente lo que sentía ayer,
y lograr que mi rostro se quede indiferente
y que el gesto de hastío parezca de placer.
Así, verte de lejos, y no decirte nada
ni con una sonrisa, ni con una mirada,
y que nunca sospeches cuánto te quiero así.
Porque aunque nadie sabe lo que a nadie le digo,
la noche entera es corta para soñar contigo
y todo el día es poco para pensar en ti.
A una lágrima
Gota del mar donde en naufragio lento
se hunde el navío negro de una pena;
gota que, rebosando, nubla y llena
los ojos olvidados del contento.
Grito hecho perla por el desaliento
de saber que si llega a un alma ajena,
ésta, sin escucharlo, le condena
por vergonzoso heraldo del tormento.
Piedad para esa gota, que es cual llama
de la que el corazón se desahoga
cual desahoga espinas una rama.
Piedad para la lágrima que azoga
el dolor, pues si así no se derrama,
¡el alma, en esa lágrima se ahoga!
Balada del loco amor
I
No, nada llega tarde, porque todas las cosas
tienen su tiempo justo, como el trigo y las rosas;
sólo que, a diferencia de la espiga y la flor,
cualquier tiempo es el tiempo de que llegue el amor.
No, Amor no llega tarde. Tu corazón y el mío
saben secretamente que no hay amor tardío.
Amor, a cualquier hora, cuando toca a una puerta,
la toca desde adentro, porque ya estaba abierta.
Y hay un amor valiente y hay un amor cobarde,
pero, de cualquier modo, ninguno llega tarde.
II
Amor, el niño loco de la loca sonrisa,
viene con pasos lentos igual que viene a prisa;
pero nadie está a salvo, nadie, si el niño loco
lanza al azar su flecha, por divertirse un poco.
Así ocurre que un niño travieso se divierte,
y un hombre, un hombre triste, queda herido de muerte.
Y más, cuando la flecha se le encona en la herida,
porque lleva el veneno de una ilusión prohibida.
Y el hombre arde en su llama de pasión, y arde, y arde
Y ni siquiera entonces el amor llega tarde.
III
No, yo no diré nunca qué noche de verano
me estremeció la fiebre de tu mano en mi mano.
No diré que esa noche que sólo a ti te digo
se me encendió en la sangre lo que soñé contigo.
No, no diré esas cosas, y, todavía menos,
la delicia culpable de contemplar tus senos.
Y no diré tampoco lo que vi en tu mirada,
que era como la llave de una puerta cerrada.
Nada más. No era el tiempo de la espiga y la flor,
y ni siquiera entonces llegó tarde el amor.
Balada del mal amor
Qué lástima muchacha,
que no te pueda amar.
Yo soy un árbol seco que sólo espera el hacha,
y tú un arroyo alegre que sueña con el mar.
Yo eché mi red al río…
Se me rompió la red…
No unas tu vaso lleno con mi vaso vacío,
pues si bebo en tu vaso voy a sentir más sed.
Se besa por el beso,
por amar el amor…
Ese es tu amor de ahora, pero el amor no es eso,
pues sólo nace el fruto cuando muere la flor.
Amar es tan sencillo,
tan sin saber por qué…
Pero así como pierde la moneda su brillo,
el alma, poco a poco, va perdiendo su fe.
¡Qué lástima muchacha,
que no te pueda amar!
Hay velas que se rompen a la primera racha,
¡y hay tantas velas rotas en el fondo del mar!
Pero aunque toda herida
deja una cicatriz,
no importa la hoja seca de una rama florida,
si el dolor de esa hoja no llega a la raíz.
La vida, llama o nieve,
es un molino que
va moliendo en sus aspas el viento que lo mueve,
triturando el recuerdo de lo que ya se fue…
Ya lo mío fue mío,
y ahora voy al azar…
Si una rosa es más bella mojada de rocío,
el golpe de la lluvia la puede deshojar…
Tuve un amor cobarde.
Lo tuve y lo perdí…
Para tu amor temprano ya es demasiado tarde,
porque en mi alma anochece lo que amanece en ti.
El viento hincha la vela, pero la deshilacha,
y el agua de los ríos se hace amarga en el mar…
¡Qué lástima muchacha,
que no te pueda amar!
Brindis
He aquí dos rosas frescas, mojadas de rocío:
una blanca, otra roja, como tu amor y el mío.
Y he aquí que, lentamente, las dos rosas deshojo:
la roja, en vino blanco; la blanca, en vino rojo.
Al beber, gota a gota, los pétalos flotantes
me rozarán los labios, como labios de amante;
y, en su llama o su nieve de idéntico destino,
serán como fantasmas de besos en el vino.
Ahora, elige tú, amiga, cuál ha de ser tu vaso:
si éste, que es como un alba, o aquél, como un ocaso.
No me preguntes nada: yo sé bien que es mejor
embriagarse de vino que embriagarse de amor...
Y así mientras tú bebes, sonriéndome -así,
yo, sin que tú lo sepas, me embriagaré de ti...
Canción a la mujer lejana
En ti recuerdo una mujer lejana,
lejana de mi amor y de mi vida.
A la vez diferente y parecida,
como el atardecer y la mañana.
En ti despierta esa mujer que duerme
con tantas semejanzas misteriosas,
que muchas veces te pregunto cosas,
que sólo ella podría responderme.
Y te digo que es bella, porque es bella,
pero no sé decir, cuando lo digo,
si pienso en ella porque estoy contigo,
o estoy contigo por pensar en ella.
Y sin embargo si el azar mañana
me enfrenta con ella de repente,
no seguiría a la mujer ausente
por retener a la mujer cercana.
Y sin amarte más, pero tampoco
sin separar tu mano de la mía,
al verla simplemente te diría:
"Esa mujer se te parece un poco"
Canción cotidiana
Tu amor llegó calladamente;
calladamente se me fue...
Porque el amor es una fuente
que se nos seca de repente,
sin saber cómo ni por qué.
Amor de un beso que se olvida
y de un suspiro que se va;
amor de paso en nuestra vida,
pues se le da la bienvenida
cuando tal vez se aleja ya.
Así tu amor fue como el mío,
mujer de un claro atardecer:
amor que pasa como un río,
sin estancarse en el hastío
ni repetirse en el placer.
Amor feliz que da sin tasa,
pues sólo pide, a cambio, amor;
amor que deja, cuando pasa,
no la ceniza de una brasa,
sino el perfume de una flor.
Amor que al irse no está ausente;
amor sin dudas y sin fe,
como este amor intrascendente,
que, si llegó calladamente,
calladamente se fue...
Canción de la búsqueda
Todavía te busco mujer que busco en vano,
mujer que tantas veces cruzaste mi sendero,
sin alcanzarte nunca cuando extendí la mano
y sin que me escucharas cuando dije: "te quiero..."
Y, sin embargo, espero. Y el tiempo pasa y pasa.
Y ya llega el otoño, y espero todavía:
De lo que fue una hoguera sólo queda una brasa,
pero sigo soñando que he de encontrarte un día.
Y quizás, en la sombra de mi esperanza ciega,
si al fin te encuentro un día, me sentiré cobarde,
al comprender, de pronto, que lo que nunca llega
nos entristece menos que lo que llega tarde.
Y sentiré en el fondo de mis manos vacías,
más allá de la bruma de mis ojos huraños,
la ansiedad de las horas convirtiéndose en días
y el horror de los días convirtiéndose en años...
Pues quizás esté mustia tu frente soñadora,
ya sin calor la llama, ya sin fulgor la estrella...
Y al no decir: "¡Es ella!" - como diría ahora -,
seguiré mi camino, murmurando: "Era ella..."
Canción de la espera
Espero tu sonrisa y espero tu fragancia
por encima de todo, del tiempo y la distancia.
Yo no sé desde dónde, hacia dónde, ni cuándo
regresarás... sé sólo que te estaré esperando.
En lo alto del bosque y en lo hondo del lago,
en el minuto alegre y en el minuto aciago,
en la función pagana y en el sagrado rito,
en el limpio silencio y en el áspero grito.
Allí donde es más fuerte la voz de la cascada,
allí donde está todo y allí donde no hay nada,
en la pluma del ala y en el sol del ocaso,
yo esperaré el sonido rítmico de tu paso.
Comprendo que de mí ya se ría la gente
al ver cómo te espero desesperadamente.
Cuando todos los astros se apaguen en el cielo,
cuando todos los pájaros paralicen el vuelo
cansados de esperarte, ese día
lejano yo te estaré esperando todavía.
No importa: aunque me digan todos que desvarío,
yo te espero en las ondas musicales del río,
en la nube que llega blanca de su trayecto,
en el camino angosto y en el camino recto.
Niño, joven o anciano, sonriendo o llorando,
en el alba o la tarde, yo te estaré esperando,
y si me convenciera que ese ansiado día
no habría de llegar, también te esperaría.
Canción de la lluvia
Acaso está lloviendo también en tu ventana;
Acaso esté lloviendo calladamente, así.
Y mientras anochece de pronto la mañana,
yo sé que, aunque no quieras, vas a pensar en mi.
Y tendrá un sobresalto tu corazón tranquilo,
sintiendo que despierta su ternura de ayer.
Y, si estabas cosiendo, se hará un nudo en el hilo,
y aún lloverá en tus ojos, al dejar de llover.
Canción del amor lejano
Ella no fue, entre todas, la más bella,
pero me dio el amor más hondo y largo.
Otras me amaron más; y, sin embargo,
a ninguna la quise como a ella.
Acaso fue porque la amé de lejos,
como una estrella desde mi ventana...
Y la estrella que brilla más lejana
nos parece que tiene más reflejos.
Tuve su amor como una cosa ajena
como una playa cada vez más sola,
que únicamente guarda de la ola
una humedad de sal sobre la arena.
Ella estuvo en mis brazos sin ser mía,
como el agua en cántaro sediento,
como un perfume que se fue en el viento
y que vuelve en el viento todavía.
Me penetró su sed insatisfecha
como un arado sobre llanura,
abriendo en su fugaz desgarradura
la esperanza feliz de la cosecha.
Ella fue lo cercano en lo remoto,
pero llenaba todo lo vacío,
como el viento en las velas del navío,
como la luz en el espejo roto.
Por eso aún pienso en la mujer aquella,
la que me dio el amor más hondo y largo...
Nunca fue mía. No era la más bella.
Otras me amaron más... Y, sin embargo,
a ninguna la quise como a ella.
Canción del amor prohibido
Sólo tú y yo sabemos lo que ignora la gente
al cambiar un saludo ceremonioso y frío,
porque nadie sospecha que es falso tu desvío,
ni cuánto amor esconde mi gesto indiferente.
Sólo tú y yo sabemos por qué mi boca miente,
relatando la historia de un fugaz amorío;
y tú apenas me escuchas y yo no te sonrío...
y aún nos arde en los labios algún beso reciente.
Sólo tú y yo sabemos que existe una simiente
germinando en la sombra de este surco vacío,
porque su flor profunda no se ve, ni se siente.
Y así dos orillas tu corazón y el mío,
pues, aunque las separa la corriente de un río,
por debajo del río se unen secretamente.
Canción del amor que pasa
Yo soy como una nube que da sombra un instante;
soy una hoguera efímera que no deja una brasa.
Yo soy el buen amor y el mal amante.
Dime adiós y sonríeme: Soy el amor que pasa...
Soy el amor que olvida pero que nunca miente,
que muere sonriendo porque nace feliz.
Yo paso como un día fugazmente;
y aunque se siembra un ala nunca tendrá raíz.
No intentes retenerme: déjame que vaya
como el agua de un río que no vuelve a pasar…
Yo soy como una ola en una playa
pues las olas se acercan pero vuelven al mar…
Soy el amor de amar que odia lo inerme
que se lleva el perfume pero deja la flor…
Dime adiós y no intentes retenerme:
Soy el amor que pasa… pero soy el amor.
Canción de la noche sola
Fue mía una noche. Llegó de repente,
y huyó como el viento, repentinamente.
Alumna curiosa que aprendió el placer,
fue mía una noche. No la he vuelto a ver.
Fue la noche sola de una sola estrella.
Si miro las nubes, después pienso en ella.
Mi amor no la busca; mi amor no la llama;
la flor desprendida no vuelve a la rama,
y las ilusiones son como un espejo
que cuando se empaña pierde su reflejo.
Fue mía una noche, locamente mía:
me quema los labios su sed todavía.
Bella como pocas, nunca fue más bella
que soñando el sueño de la noche aquella.
Su amor de una noche sigue siendo mío:
la corriente pasa, pero queda el río;
y si ella es la estrella de una noche sola,
yo he sido en su playa la primera ola.
Amor de una noche que ignoró el hastío.
Somos las distantes orillas de un río,
entre las que cruza la corriente clara,
y el agua las une, pero las separa.
Amor de una noche: si vuelves un día,
ya no he de sentirte tan loca y tan mía.
Más que la tortura de una herida abierta,
mi amor ama el viento que cierra una puerta.
El amor florece tierra movediza,
y es ley de la llama trocarse en cenizas.
El amor que vuelve, siempre vuelve en vano,
así como un ciego que tiende la mano.
Amor de una noche sin amanecer:
¡acaso prefiero no volverte a ver!
Canción de los amantes
Donde quiera en las noches se abrirá una ventana
o una puerta cualquiera de una calle lejana.
No importa dónde o cuándo... puede ser dondequiera
ni menos en otoño, ni más en primavera.
Y hoy igual que mañana, mañana igual que ayer
un hombre enloquecido besará una mujer.
Tal vez nadie lo sepa... Como tal vez un día
todos irán sabiendo lo que nadie sabía.
Y para los amantes su amor desesperado
podrá ser un delito... pero nunca un pecado.
Por eso el amor pasa por las calles desiertas
y es como un viento loco que quiere abrir las puertas
Bien saben los amantes que hay caricias que son
no una simple caricia sino una posesión.
Y que un beso... uno solo puede más que el olvido
si se juntan dos bocas en un beso prohibido.
No, un gran amor no es grande por lo mucho que dura
si se parece a un árbol reseco en la llanura.
Y los amantes saben, que sin querer siquiera
hay un amor que crece como una enredadera
Es natural que el agua de un estanque sombrío
sueñe en sus largas noches con el viaje de un río.
Y si por algo es triste la lluvia que no llueve
será porque es la lluvia condenada a ser nieve.
Es natural que un día comprendan los amantes
que no hay nunca sin siempre... que no hay después sin antes.
Y así brota en el alma la rebelión de un sueño
que es como un perro arisco que le gruñe a su dueño.
El amor... esa estrella de una sombra infinita
aunque muera cien veces... cien veces resucita
Y suele ser un niño de manos milagrosas
que rompe las cadenas y hace nacer las rosas.
Ya no habrá días turbios... ya no habrá noches malas
si hay un amor secreto que nos presta sus alas.
Y el corazón renace con renovada fe
igual que los rosales... que no saben porqué.
Donde quiera en las noches, puede abrirse una puerta
pero... tan suavemente que nadie se despierta
Puede ser en otoño... puede ser en verano
tanto un amor tardío... como un amor temprano.
Una mujer... un hombre... y un oscuro aposento
y allá afuera en la calle... sigue pasando el viento.
Y si en la noche hay algo queriendo amanecer
es simplemente un hombre que besa a una mujer.
Canción de los remos
Quizás olvidaremos, pues siempre hay que olvidar
pero escucha los remos, cantando sobre el mar.
Bajo este cielo claro tu alma llega a la mía
como la luz de un faro desde la lejanía.
Así como la espuma pasará este momento
nuestra ilusión se esfuma, como la espuma al viento.
Pero en el alma sola si un gran amor la llena
hay algo de la ola y hay algo de la arena.
Náufrago de su espanto, piloto de su hastío
el mar canta en su canto que ya tu amor es mío.
Yo soy la vela rota que da al aire su vuelo,
y tú eres la gaviota que va a estrenar su vuelo.
Pero aún quedan futuros que yo desconocía
en tus ojos oscuros donde nunca es de día.
Aún hay algo postrero mas allá del olvido
y en tu amor recupero todo lo que he perdido.
Ni digo que te quedes, ni quiero que te vayas.
Pues soy como las redes tendidas en las playas
arroyo de ternuras hazme tuyo en lo mío
llenando de agua pura mi cántaro vacío.
Ya mi voz tiene un eco, ya mi voz no se pierde.
Por eso el tronco seco retoña la hoja verde.
Y así mi vida espera la gracia de un retoño
como la primavera que ilumina un otoño.
Por eso aunque olvidemos
que siempre hay que olvidar
oye cantar los remos
sobre el dolor del mar.
Canción del viaje
Recuerdo un pueblo triste y una noche de frío
y las iluminadas ventanillas de un tren.
Y aquel tren que partía se llevaba algo mío,
ya no recuerdo cuándo, ya no recuerdo quién.
Pero sí que fue un viaje para toda la vida
y que el último gesto, fue un gesto de desdén,
porque dejó olvidado su amor sin despedida
igual que una maleta tirada en el andén.
Y así, mi amor inútil, con su inútil reproche,
se acurrucó en su olvido, que fue inútil también.
Como esos pueblos tristes, donde llueve de noche,
como esos pueblos tristes, donde no para el tren.
Canción para la esposa ajena
Tal vez guardes mi libro en alguna gaveta,
sin que nadie descubra cuál relata su historia,
pues será simplemente, los versos de un poeta,
tras de arrancar la página de la dedicatoria...
Y pasarán años... Pero acaso algún día,
o acaso alguna noche que estés sola en tu lecho,
abrirás la gaveta - como una rebeldía,
y leerás mi libro- tal vez como un despecho.
Y brotará un perfume de una ilusión suprema
sobre tu desencanto de esposa abandonada.
Y entonces con orgullo, marcarás la página...
y guardarás mi libro debajo de la almohada.
Carta a usted
Señora:
Según dicen ya tiene usted otro amante.
Lástima que la prisa nunca sea elegante.
Yo sé que no es frecuente que una mujer hermosa,
se resigne a ser viuda, sin haber sido esposa.
Y me parece injusto discutirle el derecho
de compartir sus penas sus goces y su lecho
pero el amor señora cuando llega el olvido
también tiene el derecho de un final distinguido.
Perdón... Si es que la hiere mi reproche... Perdón
aunque sé que la herida no es en el corazón
Y para perdonarme... Piense si hay más despecho
que en lo que yo le digo, que en lo que usted ha hecho.
Pues sepa que una dama con la espalda desnuda
sin luto en una fiesta, puede ser una viuda.
Pero no como tantas de un difunto señor
sino para ella sola, viuda de un gran amor.
Y nuestro amor recuerdo, fue un amor diferente
al menos al principio, ya no, naturalmente.
Usted será el crepúsculo a la orilla del mar,
que según quien lo mire será hermoso o vulgar.
Usted será la flor que según quien la corta,
es algo que no muere o algo que no importa.
O acaso cierta noche de amor y de locura
yo vivía un ensueño y... y usted una aventura.
Si... usted juró cien veces ser para siempre mía
yo besaba sus labios pero no lo creía.
Usted sabe y perdóneme que en ese juramento
influye demasiado la dirección del viento.
Por eso no me extraña que ya tenga otro amante
a quien quizás le jure lo mismo en este instante.
Y como usted señora ya aprendió a ser infiel
a mí así de repente me da pena por él.
Sí es cierto... alguna noche su puerta estuvo abierta
y yo en otra ventana me olvidé de su puerta
O una tarde de lluvia se iluminó mi vida
mirándome en los ojos de una desconocida.
Y también es posible que mi amor indolente
desdeñara su vaso bebiendo en la corriente.
Sin embargo señora... Yo con sed o sin sed
nunca pensaba en otra... si la besaba a usted.
Perdóneme de nuevo si le digo estas cosas
pero ni los rosales dan solamente rosas.
Y no digo estas cosas por usted ni por mí
sino por... por los amores que terminan así.
Pero vea señora... que diferencia había
entre usted que lloraba... y yo que sonreía.
Pues nuestro amor concluye con finales diversos
usted besando a otro... Yo escribiendo estos versos.
Carta sin fecha
Amigo:
Sé que existes, pero ignoro tu nombre.
No lo he sabido nunca ni lo quiero saber.
Pero te llamo amigo para hablar de hombre a hombre,
que es el único modo de hablar de una mujer.
Esa mujer es tuya, pero también es mía.
Si es más mía que tuya, lo saben ella y Dios.
Sólo sé que hoy me quiere como ayer te quería,
aunque quizás mañana nos olvide a los dos.
Ya ves: ahora es de noche. yo te llamo mi amigo;
yo, que aprendí a estar solo para quererla más;
y ella, en tu propia almohada, tal vez sueña conmigo;
y tú, que no lo sabes, no la despertarás.
¡Qué importa lo que sueña!. Déjala así, dormida.
Yo seré como un sueño sin mañana ni ayer.
Y ella irá de tu brazo para toda la vida,
y abrirá las ventanas en el atardecer.
Quédate tú con ella. Yo seguiré el camino.
Ya es tarde, tengo prisa, y aún hay mucho que andar,
y nunca rompo el vaso donde bebí un buen vino,
ni siembro nada, nunca, cuando voy hacia el mar.
Y pasarán los años favorables o adversos,
y nacerán las rosas que nacen porque sí;
y acaso tú, algún día, leerás estos versos,
sin saber que los hice por ella y para ti....
Celos
Ya sólo eres aquella
que tiene la costumbre de ser bella.
Ya pasó la embriaguez.
Pero no olvido aquel deslumbramiento,
aquella gloria del primer momento,
al ver tus ojos por primera vez.
Y sé que, aunque quisiera,
no he de volverte a ver de esa manera.
Como aquel instante de embriaguez;
y siento celos al pensar que un día,
alguien, que no te ha visto todavía,
verá tus ojos por primera vez.
Con la simple palabra
Con la simple palabra de hablar todos los días,
que es tan noble que nunca llegará a ser vulgar,
voy diciendo estas cosas que casi no son mías,
así como las playas casi no son mar.
Con la simple palabra con que se cuenta un cuento,
que es la vejez eterna de la eterna niñez,
la ilusión, como un árbol que se deshoja al viento,
muere con la esperanza de nacer otra vez.
Con simple palabra te ofrezco lo que ofreces,
amor que apenas llegas cuando te has ido ya:
Quien perfuma una rosa se equivoca dos veces,
pues la rosa se seca y el perfume se va.
Con la simple palabra que arde en su propio fuego,
siento que en mí es orgullo lo que en otro es desdén:
Las estrellas no existen en las noches del ciego,
pero, aunque él no lo sepa, lo iluminan también.
Y así, como un arroyo que se convierte en río,
y que en cada cascada se purifica más,
voy cantando este canto tan ajeno y tan mío,
con la simple palabra que no muere jamás.
Cuartetos del transeúnte
Sonríe, jardinera, si en el surco te inclinas
y buscas el secreto profundo de las rosas
no pienses que las rosas se afean con espinas;
sino que las espinas se embellecen con rosas.
Jugué al amor contigo, con vanidad tan vana
que marqué con la uña los naipes que te di.
Y en ese extraño juego, donde pierde el que gana,
gané tan tristemente, que te he perdido a ti.
Al referir mi viaje le fui añadiendo cosas.
Cosas que sueño a veces, pero que nunca digo,
y así, donde vi un yermo, juré haber visto rosas.
No me culpes, muchacha, que igual hice contigo.
Yo sólo pude recordar tu nombre,
tú, en cambio, recordaste cada fecha de ayer.
Y aprendí que las cosas que más olvida un hombre,
son las cosas que siempre recuerda una mujer.
Aquí estaba la hierba, viajero de una hora,
y, cuando te hayas ido, seguirá estando aquí.
Bien poco ha de importarle que la pises ahora
sabiendo que mañana nacerá sobre ti.
De muerte en flor
Morir de muerte en flor toda la vida,
en este sueño vertical, en este
fugaz contacto azul con lo celeste,
en esta vieja sed recién nacida...
Y volver luego con el alma erguida,
a la vez Norte y Sur, Este y Oeste,
de la propia emoción, ya en ansia agreste.
En inquietud sutil o en paz pulida.
Y resurgir de cada muerte diaria
más dueño de la vida, al ser más dueño
de esta muerte parcial y necesaria.
Y con esa cordial melancolía
de los pocos que saben cada día
morir y renacer dentro de un sueño.
Discreto amor
Mi viejo corazón toca a una puerta,
mi viejo corazón, como un mendigo
con el afán de su esperanza incierta
pero callando lo que yo no digo.
Porque la que me hirió sin que lo advierta,
la que sólo me ve como un amigo
si alguna madrugada está despierta
nunca será porque soñó conmigo...
Y sin embargo, ante la puerta oscura
mi corazón, como un mendigo loco
va a pedir su limosna de ternura
Y cerrada otra vez, o al fin abierta,
no importa si alguien oye cuando toco,
porque nadie sabrá cuál es la puerta.
Dúo de amor
En el hondo silencio de la noche serena
se dilata un lejano perfume de azucena,
y aquí, bajo los dedos de seda de la brisa,
mi corazón se ensancha como en una sonrisa...
Y yo sé que el silencio tiene un ritmo profundo
donde palpita un eco del corazón del mundo,
un corazón inmenso que late no sé dónde,
pero que oye el latido del mío, y me responde...
El corazón que sientes latir en derredor,
es un eco del tuyo, que palpita de amor.
El corazón del mundo no es ilusorio: Existe.
Pero, para escucharlo, es preciso estar triste;
triste de esa tristeza que no tiene motivo,
en esta lenta muerte del dolor de estar vivo.
La vida es un rosal cuando el alma se alegra,
pero, cuando está triste, da una cosecha negra.
El amor es un río de luz entre la sombra,
y santifica el labio pecador que lo nombra.
Sólo el amor nos salva de esta gran pesadumbre,
levantando el abismo para trocarlo en cumbre.
Sólo el amor nos salva del dolor de la vida,
como una flor que nace de una rama caída;
pues si la primavera da verdor a la rama,
el corazón se llena de aroma, cuando ama.
Amar es triste a veces, más triste todavía
que no amar. El amor no siempre es alegría.
Tal vez, por eso mismo, es eterno el amor:
porque, al dejarnos tristes, hace dulce el dolor.
Amar es la tristeza de aprender a morir.
Amar es renacer. No amar, es no vivir.
El amor es a veces lo mismo que una herida,
y esa herida nos duele para toda la vida.
Si cierras esa herida tu vida queda muerta.
Por eso, sonriendo, haz que siempre esté abierta;
y si un día ella sola se cierra de repente,
tú, con tus propias manos, ábrela nuevamente.
Desdichada alegría que nace del dolor.
De un dolor de la rama también nace la flor.
Pero de esa flor efímera, como todas, se mustia,
y la rama se queda contraída de angustia.
Cada hoja que cae deja el sitio a otra hoja,
y así el amor -resumen de toda paradoja-
renace en cada muerte con vida duradera;
porque decir amor, es decir primavera.
Primavera del alma, primavera florecida
que deja un misterioso perfume en nuestra vida.
Primavera del alma, de perpetuo esplendor,
que convierte en sonrisa la mueca del dolor.
Primavera de ensueño que nos traza un camino
en la intrinca selva donde acecha el destino.
Primavera que canta si el huracán la azota
y que da nuevo aliento tras de cada derrota.
Primavera magnánima, cuyo verdor feliz
rejuvenece el árbol seco hasta la raíz...
Amor es la ley divina de plenitud humana;
dolor que hoy nos agobia y añoramos mañana...
Eso es amor, y amando, también la vida es eso:
¡Dos almas que se duermen a la sombra de beso!
El árbol viejo
Buen árbol que perdiste bruscamente los dones
de la flor y del fruto, bajo la racha fría:
tu pesadumbre austera se parece a la mía,
y así, como tus hojas, volarán mis canciones.
Pero, tarde o temprano, vendrá la primavera,
y, al rejuvenecerse tu tronco envejecido,
tendrás la flor y el fruto, y el follaje, y el nido...
Y yo, en cambio, no tengo tu esperanza siquiera.
Cien veces me ofreciste tu sombra en el verano;
cien veces tu perfume fue a visitar mi casa,
buen árbol que floreces mientras la vida pasa,
acaso porque ignoras que nunca pasa en vano.
Mi niñez te recuerda casi como un amigo,
aunque ya se agrietaba tu ancianidad de abuelo.
Y hoy, al ver cómo creces todavía hacia el cielo,
ni aun me queda el consuelo de envejecer contigo.
Pues, aunque nos agobian idénticos otoños,
sobre tus hojas secas crecen hojas lozanas,
y así, algún día, el viento despeinará mis canas,
trayéndome el perfume de tus nuevos retoños...
El clavel seco
Como el clavel del patio estaba seco,
yo, entristecido por sus tristes males,
bajé al jardín para cavar un hueco,
en buena sombra entre dos rosales.
Y eran rosales cerca, gajo a gajo
en una cercanía indiferente
pero al cavar un poco, vi allá abajo
sus raíces trenzadas locamente.
Así, esta tarde, descubrí el secreto
de un cariño verdadero, hondo y discreto,
transplantando un clavel que se secó.
Y, en nuestra indiferente cercanía,
qué loco ensueño se descubriría
si alguien cavara un hueco entre tú y yo.
Elegía
Golondrina del alba sombría,
mariposa del alba radiante:
cuánto puede durar un instante,
¡Un instante de noche en el día!
Yo, que supe ignorar tantas cosas,
ahora sé que jamás nos veremos,
pues te fuiste, empuñando los remos,
en tu barca cubierta de rosas.
Ahora sé la verdad de la tierra,
que florece aunque nadie la labre,
y la puerta de luz que se abre
si una puerta de sombra se cierra.
Ahora sé que la noche no miente
cuando deja de caer su rocío:
Fue un rosal a la orilla de un río,
y quizás lo arrastró la corriente...
Y te fuiste, luciérnaga loca,
golondrina del alba sombría,
con el tibio sabor de tu boca
-¡de tu boca que nunca fue mía!
Elegía IV
Me llegas en la brisa y en la espuma,
tú, la perdida para siempre...
Tú, la que ennoblecías el sabor del recuerdo,
que ahora llegas más casta y más ausente...
Me llegas en el viento que huele a lejanía,
me llegas en la sal que sabe a muerte,
tú, sombre arrinconada en un silencio;
tú, la perdida para siempre...
Ya no sé por qué sordo camino de la ausencia
bajo qué estrellas moribundas vienes,
con los pies inseguros llenos de polvo y de rocío,
tú, la perdida para siempre...
Elegía lamentable
I
Desde este mismo instante seremos dos extraños
por estos pocos días, quién sabe cuántos años...
yo seré en tu recuerdo como un libro prohibido
uno de esos que nadie confiesa haber leído.
Y así mañana, al vernos en la calle, al ocaso,
tu bajarás los ojos y apretarás el paso,
y yo, discretamente, me cambiaré de acera,
o encenderé un cigarro, como si no te viera...
II
Seremos dos extraños desde este mismo instante
y pasarán los meses, y tendrás otro amante:
y como eres bonita, sentimental y fiel,
quizás, andando el tiempo, te casarás con él.
Y ya, más que un esposo será como un amigo,
aunque nunca le cuentes que has soñado conmigo,
y aunque, tras tu sonrisa, de mujer satisfecha,
se te empañen los ojos, al llegar una fecha.
III
Acaso, cuando llueva, recordarás un día
en que estuvimos juntos y en que también llovía.
Y quizás nunca más te pongas aquel traje
de terciopelo verde, con adornos de encaje.
O harás un gesto mío, tal vez sin darte cuenta,
cuando dobles tu almohada con mano soñolienta.
Y domingo a domingo, cuando vayas a misa,
de tu casa a la iglesia, perderás tu sonrisa.
IV
¿Qué más puedo decirte? Serás la esposa honesta
que abanica al marido cuando ronca la siesta:
tras fregar los platos y tender las camas,
te pasarás las noches sacando crucigramas...
Y así, años y años, hasta que, finalmente,
te morirás un día, como toda la gente.
Y voces que aún no existen sollozarán tu nombre,
y cerrarán tus ojos los hijos de otro hombre.
V
No me importa quién pase después por un sendero,
si me queda el orgullo de haber sido el primero.
Y el vaso que embriagara mi ilusión o mi hastío,
aunque esté en otra mano, seguirá siendo mío.
Por eso puedes irte, mi pobre soñadora,
pues si el reloj se para, no detiene la hora,
y tú serás la misma de las noches aquellas,
aunque cierres los ojos para no ver las estrellas...
Elegía nocturna
Quién nos hubiera dicho... Que todo acabaría
como acaba en la sombra la claridad del día.
Fuiste como la lluvia cayendo sobre un río
para que fuera tuyo... todo lo que era mío.
Fuiste como una lámpara que se encendió en mi vida,
yo la soplé de pronto... Pero siguió encendida.
Fuiste un río ilusorio cantando en un desierto
y floreció la arena como si fuera cierto.
Mi amor fue una gaviota que construyó su nido
en lo alto de un mástil... Ahora el buque se ha ido.
Ahora me envuelve un hosco silencio de campana
donde sólo resuena tu campana lejana.
Y como un surco amargo... Que se negara al trigo
ahora mi alma no sueña... Por no soñar contigo.
Elegía para mí y para ti
I
Yo seguiré soñando mientras pasa la vida,
y tú te irás borrando lentamente de mi sueño.
Un año y otro año caerán como hojas secas
de las ramas del árbol milenario del tiempo,
y tu sonrisa, llena de claridad de aurora,
se alejará en la sombra creciente del recuerdo.
II
Yo seguiré soñando mientras pasa la vida,
y quizás, poco a poco, dejaré de hacer versos,
bajo el vulgar agobio de la rutina diaria,
de las desilusiones y los aburrimientos.
Tú, que nunca soñaste mas que cosas posibles,
dejarás, poco a poco, de mirarte al espejo.
III
Acaso nos veremos un día, casualmente,
al cruzar una calle, y nos saludaremos.
Yo pensaré quizás: " Qué linda es todavía."
Tú quizás pensarás: " Se está poniendo viejo "
Tú irás sola, o con otro. Yo iré solo o con otra.
O tú irás con un hijo que debiera ser nuestro.
IV
Y seguirá muriendo la vida, año tras año,
igual que un río oscuro que corre hacia el silencio.
Un amigo, algún día, me dirá que te ha visto,
o una canción de entonces me traerá tu recuerdo.
Y en estas noches tristes de quietud y de estrellas,
pensaré en ti un instante, pero cada vez menos....
V
Y pasará la vida. Yo seguiré soñando;
pero ya no habrá un nombre de mujer en mi sueño.
Yo ya te habré olvidado definitivamente
y sobre mis rodillas retozarán mis nietos.
(Y quizás, para entonces, al cruzar una calle,
nos vimos frente a frente, ya sin reconocernos.)
VI
Y una tarde de sol me cubrirán de tierra,
las manos para siempre cruzadas sobre el pecho.
Tú, con los ojos tristes y los cabellos blancos,
te pasarás las horas bostezando y tejiendo.
Y cada primavera renacerán las rosas,
aunque ya tú estés vieja, y aunque yo me haya muerto.
Elegía por nosotros
Erguida en tu silencio y en tu orgullo,
no sé con qué señor que te enamora,
comentas a manera de murmullo:
¡Mirad ese es el hombre que me adora!
Yo paso como siempre, absorto,... mudo,
y tú nerviosamente te sonríes,
sabiendo que detrás de mi saludo,
te ahondas y después te me deslíes.
Yo sé que ni te busco, ni te sigo,
que nada te mendigo, ni reclamo,
comento, nada más con un amigo:
"Esa es la mujer que yo más amo".
Yo sé que mi cariño recriminas,
es claro tú no entiendes de esas cosas,
qué sabe del perfume y las espinas,
quien nunca estuvo al lado de las rosas.
Tú sabes que jamás suplico nada,
y me sabes cautivo de tus huellas,
que vivo en la región de tu mirada,
y comparto contigo las estrellas.
Un día nos veremos nuevamente,
y es lógico que bajes la cabeza,
tendrás muchas arrugas en la frente,
y el rostro entristecido y sin belleza.
Serás menos sensual en la cadera,
tus ojos no tendrán aquel hechizo,
y aún murmuraré- ¡Si me quisiera!
tú sólo pensarás: ¡Cuánto me quiso!
El falso amor
Un amor que pregunta, si es virtud o es pecado,
la fuerza que lo agita, eso es el amor soñado.
Un amor que se esconde, porque teme al futuro,
puede ser un amor, pero no es el más puro.
Un amor que se escapa de su propio sentido,
es la rama del árbol sin la gloria del nido.
Un amor que razona, que contrata su ensueño,
inevitablemente será un amor pequeño.
Un amor que me exige preceptos y rituales,
con dudas aritméticas y páginas legales...
Ese no es el amor que soñaba ofrecerte
para toda la vida, sobre toda la muerte.
Si tu amor es tan pobre, recuérdame perdido:
cuando es poco el amor, ¡Vale más el olvido!
El gran amor
Un gran amor, un gran amor lejano
es algo así como la enredadera
que no quisiera florecer en vano
y sigue floreciendo aunque no quiera.
Un gran amor se nos acaba un día
y es tristemente igual a un pozo seco,
pues ya no tiene el agua que tenía
pero le queda todavía el eco.
Y, en ese gran amor, aquel que ama
compartirá el destino de la hoguera,
que lo consume todo con su llama
porque no sabe arder de otra manera.
El hijo del sueño
¡Un hijo! Tú sabes, tú sientes que es eso:
ver nacer la vida del fondo de un beso
por un inefable milagro de amor.
Un beso que llene la cuna vacía
y que ingenuamente nos mire y sonría,
¡un beso hecho flor!
¡Un hijo! Un fragante, fuerte y dulce lazo.
Me parece verlo sobre tu regazo palpitando ya;
y miro con moverse con pueril empeño
las pequeñas manos de nuestro pequeño,
como si quisieran sujetar un sueño
que llega y se va.
En el agua fresca de nuestras ternuras
mojará las alas de sus travesuras
como una paloma que aprende a volar.
y será violento, loco y peregrino,
y amará igualmente la mujer y el vino
y el cielo y el mar.
Con la sed amarga de la adolescencia
beberá en la fuente turbia de la ciencia.
¡Mi tierno cantor!
Irá por el mundo con su lira al hombro
dejando un reguero de rosas de asombro
y aun áureo fulgor.
Cruzará al galope la árida llanura
pálido de ensueño, loco de aventura
y ebrio de ideal.
Y en su desvarío de viajes remotos
volverá algún día con los remos rotos,
trayendo en los labios un sabor de sal.
Caminante absurdo, de caminos muertos
pasará su sombra sobre los desiertos
en una infinita peregrinación,
y su alucinada pupila inconforme
verá en su destino gravada
una enorme interrogación.
Pero será inútil su tenaz andanza
persiguiendo un sueño que jamás se alcanza.
Y ha de ser así, pues no hallará nunca, como yo,
la meta de todas sus ansias de hombre y poeta,
porque en las mujeres de su vida inquieta
no hallará ninguna parecida a ti.
Que tú eres la rosa de una sola vida,
la rosa que nadie verá repetida
porque al deshojarse secará el rosal.
Y como en el mundo ya no habrá esa rosa,
el irá en su búsqueda infructuosa
en pos de una igual...
El pequeño dolor
Mi dolor es pequeño,
pero aun así bendigo este dolor,
que es como no soñar después de un sueño,
o es como abrir un libro y encontrar una flor.
Déjame que bendiga
mi pequeño dolor,
que no sabe crecer como la espiga,
porque la espiga crece sin amor.
Y déjame cuidar como una rosa
este dolor que nace porque sí,
este dolor pequeño, que es la única cosa
que me queda de ti.
El resucitado
I
No, nunca fue lo oscuro tan oscuro.
Y está acostado pero no en su lecho.
Quiere moverse y se lo impide un muro.
Un muro en derredor, largo y estrecho.
Llama, y su voz resuena extrañamente,
sin que acudan su madre ni su hijo.
Y un súbito sudor hiela su frente,
Al palpar en su pecho un crucifijo.
No, no hay duda: Esa sombra que lo aterra
es sombra de ataúd bajo la tierra,
y no es soñando, porque está despierto.
Y lo aturde un pavor definitivo
Al comprender que se le dio por muerto
y al comprobar que fue enterrado vivo
II
Pero un día, al abrir la sepultura,
se sabría su muerte verdadera.
Si el ataúd mostrara la hendidura,
de un golpe de su mano en la madera.
Y al pensar de repente en el mañana,
piensa también enloquecidamente
en el espanto de la madre anciana
y en el horror del hijo adolescente.
Y allí, en la sombra, sin quejarse en vano
sin dar un grito, sin alzar la mano,
con una abnegación casi suicida
cierra los ojos y se queda quieto
porque así, solo así, será un secreto
su horrible muerte de enterrado en vida.
Epílogo
Di que mi amor ha muerto de una forma habitual,
aunque tú, por la espalda, le clavaste un puñal.
Lo enterraremos juntos, sin pesar ni alegría,
aunque yo sólo sepa que vive todavía.
Pero no intentes nunca remover esa fosa:
Déjala abandonada; déjala silenciosa...
pues si un día la abrieras, tu mano desleal
no hallaría otra cosa que tu propio puñal.
Era mi amiga
Era mi amiga, pero yo la amaba
yo la amaba en silencio puramente,
y mientras sus amores me contaba
yo escuchaba sus frases tristemente.
Era mi amiga, pero me gustaba
y mi afán era verla a cada instante.
Nunca supo el amor que yo albergaba
porque siempre me hablaba de su amante.
Era mi amiga para todo el mundo
porque a nadie mi amor yo confesaba,
pero yo la quería muy profundo
y forzosamente me callaba.
Era mi amiga, y mi cuerpo sentía
estremecer si ella me miraba,
al oírla junto a mí feliz me hacía
más de este amor ella nunca supo nada
y aunque sólo mi amistad yo le ofrecía,
era mi amiga, pero yo la amaba.
Inesperadamente
Inesperadamente tu amor llega a mi vida,
mujer de besos hondos y plenitud creciente,
como brota un retoño de una rama caída,
como en un río seco renace la corriente.
Llegas como las nubes, inesperadamente;
inesperadamente llegas como el verano,
para dejarme el peso de una sombra en la frente
y un dolor de raíces profundas en las manos.
Y es que tu boca alegre me inspira un beso triste,
y en tus ojos cercanos veo un mirar ausente,
porque sé que algún día, lo mismo que viniste,
te me irás de los brazos, inesperadamente...
La abeja
I
Tu boca jugosa y fragante,
su risa coqueta reía...
Tan fresca la risa fluía,
que su agua la fuente sonante
por ti detenía...
Tu boca reía... Tu boca,
que tiene humedad de ambrosía,
que tanto promete y provoca;
tu boca de piel y armonía,
reía...
Y vino una abeja dorada,
de mieles ansiosa,
y quiso creyéndola rosa,
posarse en tu boca encarnada
fragante y jugosa...
Y en tanto la abeja volaba
buscando la miel de la rosa,
riendo una risa nerviosa,
tu boca el ataque esquivaba,
melodrosa...
Tu boca reía y gemía
de angustia... La abeja de oro,
en pos de la rosa que huía,
ritmaba su vuelo sonoro...
Y, al cabo, la abeja
posóse en tu boca riente,
Tu risa fue grito doliente,
fue queja...
II
Decidme, señora, si es justa
la cólera vuestra;
decir si merezco esa adusta
mirada que demuestra...
Al ver vuestro aprieto, un instante
quedóse mi mente perpleja:
¡No había manera galante
de darle la muerte a la abeja!
Verdad que os besé; pero en eso
no hay sombra de culpa:
Matar una abeja de un beso,
tal beso disculpa.
No fue, mi Señora, osadía,
besar vuestros labios, rosados:
La abeja me iriso en su agonía.
Miradme los labios hinchados.
Cierto es que bendigo
la abeja traidora,
mas, ved cuánto sufro, en castigo
de haberos besado, Señora.
Reíd vuestra risa nerviosa,
reíd vuestra risa coqueta;
que ría la boca jugosa,
que ría la húmeda rosa
que adora el poeta...
Reíd, y pensad un instante
si el beso una injuria refleja:
¿Había otro modo galante
de darle muerte a la abeja?
La dama de las perlas
Yo he visto perlas claras de inimitable encanto,
de esas que no se tocan por temor a romperlas.
Pero solo en tu cuello pudieron valer tanto
las burbujas de nieve de tu collar de perlas.
Y más, aquella noche del amor satisfecho,
del amor que eterniza lo fugaz de las cosas,
cuando fuiste un camino que comenzó en mi lecho
y el rubor te cubría como un manto de rosas.
Yo acaricié tus perlas, sin desprender su broche,
y las vi, como nadie nunca más podrá verlas,
pues te tuve en mis brazos, al fin, aquella noche
vestida solamente ¡con tu collar de perlas!
La fuga infinita
Se fue mi niñez...
Batiendo sus alas de rosa partió...
Le rogué, llorando: "¡Vuelve a mi otra vez!"
-Volveré- me dijo... Pero no volvió...
Después, mi inocencia, cual mística flor,
se mustió entre las
llamaradas locas del pagano amor,
y a mi alma su aroma no tornó jamás...
Y, al llegar mis dudas, se marchó mi fe...
-"¿Volverás?"- le dije... No sé si me oyó:
Hizo un gesto vago me miró y se fue.
Luego, acurrucada, sufrió mi ilusión
de los desengaños el flagelo cruel:
Me miró con húmedos ojos de lebrel
y se fue en silencio de mi corazón...
Y yo sé que un día también tú te irás,
sin que mis caricias puedan retenerte,
pues ya hacia otros brazos, o ya hacia la muerte,
no te detendrás...
Porque sé que un día llegará el olvido,
y sé que ese día te me irás, mujer,
como tantas cosas que ya se me han ido:
¡Para no volver!...
La sed insaciable
Decir adiós... La vida es eso.
Y yo te digo adiós, y sigo...
Volver a amar es el castigo
de los que amaron con exceso
Amar y amar toda la vida,
y arder en esa llama.
Y no saber por qué se ama...
Y no saber por qué se olvida...
Coger las rosas una a una,
beber un vino y otro vino,
y andar y andar por un camino
que no conduce a parte alguna.
Sentir más sed en cada fuente
y ver más sombra en cada abismo,
en este amor que es siempre el mismo,
pero que siempre es diferente.
Porque en sordo desacuerdo
de lo soñado y lo vivido,
siempre, del fondo del olvido,
nace la muerte de un recuerdo.
Y en esta angustia que no cesa,
que toca el alma y no la toca,
besar la sombre de otra boca
en cada boca que se besa.
Lied
Mi corazón se queda aunque mi amor se vaya ,
porque el recuerdo nace de un ansia de olvidar.
Tu amor tiene la tibia ternura de una playa;
mi amor es inestable como el viento y el mar.
Aunque mi amor se vaya no has de quedarte sola,
pues te dejo el reflejo de la luz que encendí:
Tu amor es una playa , mi amor es una ola,
y necesariamente yo he de volver a ti.
Lluvia
Acaso esté lloviendo también en tu ventana
acaso esté lloviendo calladamente... así.
Y mientras anochece de pronto la mañana
yo sé que aunque no quieras, vas a pensar en mi.
Y tendrá un sobresalto tu corazón tranquilo,
sintiendo que despierta su ternura de ayer.
Y si estabas cosiendo, se hará un nudo en el hilo,
y aun lloverá en tus ojos al dejar de llover.
Madrigal de la lluvia de abril
Ya no sé bien el sitio ni la hora,
ni por qué fuiste mía, ni por qué te perdí.
Sé que llovía como llueve ahora,
aunque ahora es más triste porque llueve sin ti.
Y sé que, de repente, cayeron dos diamantes
sobre tus zapaticos de charol...
Y era dulce aquel llanto de tus ojos radiantes,
como esos mediodías en que llueve con sol.
Madrigal triste
¡Qué clara la mañana! ¡qué fresco y delicioso
el viento! ¡Cuánta luz! ¡Cuánta leve armonía!...
-Busqué a mi alrededor algo maravilloso...
Y ella, a mi lado, sonreía...
¡Cuánta muda tristeza en el cielo nublado!
¡Qué silencio en las frondas donde el ave cantaba!
-Busqué a mi alrededor algo desconsolado...
Y ella, a mi lado, suspiraba...
¡Qué soledad! ¡Qué angustia crispada en la doliente
neblina! ¡Qué vacío en todo!...-Desolado
Busqué a mi alrededor... Y busqué inútilmente:
Ella no estaba ya a mi lado...
Mejor no quiero verte
Mejor no quiero verte... sería tan sencillo
cruzar dos o tres calles... Y tocar en tu puerta.
Y tú me mirarías con tus ojos sin brillo
sin poder sonreírme con tu sonrisa muerta.
Mejor no quiero verte... porque va a hacerme daño
pasar por aquel parque de la primera cita.
Y no sé si aún florecen los jazmines de antaño
ni sé quién es ahora la mujer más bonita.
Mejor no quiero verte... porque andando en tu acera
sentiré casi ajeno todo lo que fue mío.
Aunque es sólo una esquina donde nadie me espera
y unos cristales rotos en un balcón vacío.
Sí... seguiré muriendo de mi pequeña muerte
de hace ya tantos años el día que me fui
pues por no verte vieja... mejor no quiero verte,
pero tampoco quiero que me veas tu a mí.
Mía
Mujer soñada: Ya tú eres mía...
Ya tú eres mía, como las rosas
son del rosal, y el Sol, del día...
Todos los seres, todas las cosas,
me están diciendo que ya eres mía...
¿No oyes el canto que alza el jilguero,
revoleteando sobre el alero,
vertiendo a chorros su melodía?
Es que él bien sabe cuanto te quiero;
es porque sabe que ya eres mía...
¿No sientes cómo la mano blonda
del Sol oculto tras de la fronda
te unge del oro tibio del día?
Es que el Sol sabe también cuán honda,
cuán dulcemente ya tú eres mía...
¿No ves la lluvia -que canta ahora-,
regando perlas? Ya ella no llora
con infinita melancolía,
y es que la lluvia tampoco ignora
que ya eres mía...
¿No ves los juegos que entre las rocas
las mariposas juegan airosas,
en una móvil policromía?
Es porque saben las mariposas
que ya eres mía...
¿No estas sintiendo que dulcemente
la fresca brisa besa tu frente
y alarga el beso sobre la mía?
Es que ella sabe cuán hondamente
ya tú eres mía...
¿No ves las noches ahora más bellas?
Es que han surgido nuevas estrellas,
y entre relámpagos de pedrería,
decir parecen que saben ellas
que ya eres mía...
¿No oyes al río, que descendiendo
por los barrancos, calma su estruendo
y se hace ahora blanda armonía?
¿No te parece que va diciendo
que ya eres mía?
Mujer soñada: Ya tú eres mía,
ya tú eres mía como las rosas
son del rosal, y el Sol del día.
Todos los seres, todas las cosas,
-ríos, estrellas y mariposas-,
oyen el himno de mi alegría,
y hay más perfumes, porque hay más rosas,
desde que puedo llamarte mía...
Mi corazón se siente satisfecho
Mi corazón se siente satisfecho
de haberte amado y nunca poseído:
así tu amor se salva del olvido
igual que mi ternura del despecho.
Jamás te vi desnuda sobre el lecho,
ni oí tu voz muriéndose en mi oído:
así ese bien fugaz no ha convertido
un ancho amor en un placer estrecho.
Cuanto el deleite suma a lo vivido
acrecentado se lo resta el pecho,
pues la ilusión se va por el sentido.
Y, en ese hacer y deshacer lo hecho,
sólo un amor se salva del olvido,
y es el amor que queda insatisfecho.
Nocturno IV
Así estás todavía de pie bajo la lluvia,
bajo la clara lluvia de una noche de invierno.
De pie bajo la lluvia me llega tu sonrisa,
de pie bajo la lluvia te encuentra mi recuerdo.
Siempre he de recordarte de pie bajo la lluvia,
con un polvo de estrellas muriendo en tus cabellos
y tu voz que nacía del fondo de tus ojos
y tus manos cansadas que se iban en el viento
y aquel cielo de plomo y el rumor de los árboles
y la hoja aquella que te cayó en el seno
y el rocío nocturno dormido en tus pestañas
y engarzando diamantes en tu vestido negro.
Así estás todavía lejanamente cerca
desde tu lejanía de sombra y de silencio.
Mi corazón te llama de pie bajo la lluvia,
de pie bajo la lluvia te acercas en el sueño.
La vida es tan pequeña que cabe en una noche.
Quizás fue que en la sombra me encontré con tu beso
y por eso me envuelve, de pie bajo la lluvia,
el sabor de tu boca y el olor de tu cuerpo.
Si, me has dejado triste porque pienso que acaso
ya no estarás conmigo cuando llueva de nuevo.
Y no he de verte entonces de pie bajo la lluvia
con las manos temblando de frío y de deseo.
Pero aunque habrá otras noches cargadas de perfumes
y otras mujeres, y otras, a lo largo del tiempo,
siempre he de recordarte de pie bajo la lluvia,
bajo la lluvia clara de una noche de invierno...
Nocturno VII
Ahora que te fuiste te diré que te quiero,
ahora que no me oyes, ya no debo callar.
Tú seguirás tu vida y olvidarás primero
y yo aquí, recordándote a la orilla del mar...
Hay un amor tranquilo que dura hasta la muerte,
y un amor tempestuoso que no puede durar.
Acaso aquella noche no quise retenerte
y ahora estoy recordándote a la orilla del mar...
Tú que nunca supiste lo que yo te quería
quizás entre otros brazos lograrás olvidar.
Tal ves mires a otro, igual que a mí aquel día
y yo aquí recordándote a la orilla del mar...
El rumor de mi sangre va cantando tu nombre,
y el viento de la noche lo repite al pasar.
Quizás en este instante tú besas a otro hombre
y yo seguiré recordándote a la orilla del mar.
Nocturno VIII
Aquí, solo en la noche, ya es posible la muerte.
Morir es poca cosa si tu amor está lejos.
Puedo cerrar los ojos y apagar las estrellas.
Puedo cerrar los ojos y pensar que ya he muerto.
Puedo matar tu nombre pensando que no existes.
Ahora, solo en la noche, sé que todo lo puedo.
Puedo extender los brazos y morir en la sombra,
y sentir el tamaño del mundo en mi silencio.
Puedo cruzar los brazos mirándote desnuda,
y navegar por ríos que nacen en tu sueño.
Sé que todo lo puedo porque la noche es mía,
la gran noche que tiembla de un extraño deseo.
Sé que todo lo puedo, porque puedo olvidarte:
Sí. En esta sombra, solo, sé que todo lo puedo.
Y ya ves: me contento con cerrar bien los ojos
y apagar las estrellas y pensar que me he muerto.
No era amor
No era amor. Fue otra cosa
Pero según murmuran en la ciudad aquella,
yo cometí el delito de inventarte una estrella,
y fue tuyo el pecado de ofrecerme una rosa.
No era amor, no era eso
que se enciende en la sangre como una llamarada;
Era mirar tus ojos y no decirte nada
o acercarme a tu boca sin codiciar un beso.
Tarde para mi hastío,
tarde para tu angustia de mariposa en vano,
era como dos ciegos que se daban la mano,
como dos niños pobres, tu corazón y el mío.
Nada más. Ni siquiera
suspirar en la lluvia de una tarde vacía,
No era amor, fue otra cosa. No sé lo que sería
Yo sé que es triste que nadie lo creyera.
Oasis
Así como un verdor en el desierto,
con sombra de palmeras y agua caritativa,
quizás sea tu amor lo que me sobreviva,
viviendo en un poema después que yo haya muerto.
En ese canto, cada vez más mío,
voces indiferentes repetirán mi pena,
y tú has de ser entonces como un rastro en la arena,
casi como una nube que pasas sobre un río...
Tú serás para todos una desconocida,
tú que nunca sabrás cómo he sabido amarte;
y alguien, tal vez, te buscará en mi arte,
y al no hallarte en mi arte, te buscará en mi vida.
Pero tú no estarás en las mujeres
que alegraron un día mi tristeza de hombre:
Como oculté mi amor sabré ocultar tu nombre,
y al decir que te amo, nunca diré quién eres.
Y dirán que era falsa mi pasión verdadera,
que fue sólo un ensueño la mujer que amé tanto;
o dirán que era otra la que canté en mi canto,
otra, que nunca amé ni conocí siquiera
Y así será mi gloria lo que fue mi castigo,
porque, como un verdor en el desierto,
tu amor me hará vivir después que yo haya muerto,
pero cuando yo muera, ¡tú morirás conmigo!
Otoño y jardín
Señora: Es el crepúsculo. No importa si un retoño
se ha abierto en los rosales del jardín, todavía:
Ya ha llegado el terrible crepúsculo de otoño,
que es decir un crepúsculo que dura todo el día.
Señora: Es el otoño... Vuestras últimas rosas
las está deshojando no sé qué desaliento.
Y es que existe un otoño para todas las cosas,
y el amor y la vida se nos van en el viento.
Comprendedlo, señora: Nada podrá el rocío,
ni siquiera las lágrimas. Ya todo será en vano;
pues no hay nada más triste que un retoño tardío,
y el amor es un poco de ceniza en la mano...
Poema crepuscular
En el recogimiento de la tarde que muere,
entre las imprecisas brumas crepusculares,
cada jirón de sombra cobra vida, y sugiere
vaporosas siluetas familiares.
En la brisa que pasa, parece que suspira
la virgen de ojos claros que aún sueña en mi regreso;
el rumor de las frondas abre el ala de un beso,
y desde aquella estrella, alguien me mira…
Allá, entre la alameda, se perfila la sombra
grácil de la mujer que amé más en la vida,
y en la voz de la fuente vibra una voz querida,
que en su canción de oro y cristal me nombra…
Todo canta, a esa hora, la canción olvidada;
todo sueña el ensueño que quedó trunco un día,
y verdece de nuevo la ilusión agostada,
ebria de fe, de ardor y de armonía…
Y entre la sutil bruma de prestigios de incienso
que exalta mis recuerdos y mi melancolía,
en la paz de este parque abandonado, pienso
en la mujer que nunca será mía…
Poema de la culpa
Yo la amé, y era de otro, que también la quería.
Perdónala Señor, porque la culpa es mía.
Después de haber besado sus cabellos de trigo,
nada importa la culpa, pues no importa el castigo.
Fue un pecado quererla, Señor, y, sin embargo
mis labios están dulces por ese amor amargo.
Ella fue como un agua callada que corría...
Si es culpa tener sed, toda la culpa es mía.
Perdónala Señor, tú que le diste a ella
su frescura de lluvia y esplendor de estrella.
Su alma era transparente como un vaso vacío:
yo lo llené de amor. Todo el pecado es mío.
Pero, ¿cómo no amarla, si tú hiciste que fuera
turbadora y fragante como la primavera?
¿Cómo no haberla amado, si era como el rocío
sobre la yerba seca y ávida del estío?
Traté de rechazarla, Señor, inútilmente,
como un surco que intenta rechazar la simiente.
Era de otro. Era de otro que no la merecía,
y por eso, en sus brazos, seguía siendo mía.
Era de otro, Señor, pero hay cosas sin dueño:
las rosas y los ríos, y el amor y el ensueño.
Y ella me dio su amor como se da una rosa
como quien lo da todo, dando tan poca cosa...
Una embriaguez extraña nos venció poco a poco:
ella no fue culpable, Señor... ni yo tampoco
La culpa es toda tuya, porque la hiciste bella
y me diste los ojos para mirarla a ella.
Sí, nuestra culpa es tuya, si es una culpa amar
y si es culpa de un río cuando corre hacia el mar.
Es tan bella, Señor, y es tan suave, y tan clara,
que sería pecado mayor si no la amara.
Y por eso, perdóname, Señor, porque es tan bella,
que tú, que hiciste el agua, y la flor, y la estrella,
tú, que oyes el lamento de este dolor sin nombre,
tú también la amarías, ¡si pudieras ser hombre!
Poema de la despedida
Te digo adiós si acaso te quiero todavía
quizás no he de olvidarte... Pero te digo adiós
No sé si me quisiste... No sé si te quería
o tal vez nos quisimos demasiado los dos.
Este cariño triste y apasionado y loco
me lo sembré en el alma para quererte a ti.
No sé si te amé mucho... No sé si te amé poco,
pero sí sé que nunca volveré a amar así.
Me queda tu sonrisa dormida en mi recuerdo
y el corazón me dice que no te olvidaré.
Pero al quedarme solo... Sabiendo que te pierdo,
tal vez empiezo a amarte como jamás te amé.
Te digo adiós y acaso con esta despedida
mi más hermoso sueño muere dentro de mí.
Pero te digo adiós para toda la vida,
aunque toda la vida siga pensando en ti.
Poema de la desposada
Buena suerte muchacha. Lucirás muy bonita,
con el velo de novia y el ramo de azahar,
pero sin el sonrojo de tu primera cita,
sino pálida y seria delante del altar.
Pronto será la boda. Pero acaso un despecho,
amargará las noches de tu luna de miel,
si al abrir una puerta reconoces un lecho,
o al cruzar un pasillo recuerdas otro hotel.
Sin embargo, muchacha, cuando termines el viaje,
ya serás la señora de no sé qué señor,
aunque tal vez descubras, al abrir tu equipaje,
que en la prisa -¡qué pena!- se te olvidó el amor.
Poema de la duda
Nuestro amor ya es inútil como un mástil sin lona,
como un cause sin agua, como un arco sin flecha,
pues, lo que enciende un beso lo apaga una sospecha
y en amor es culpable el que perdona.
Ya es sombra para siempre lo que miró la duda
con su mirada amarga como una fruta verde;
y el alma está perdida cuando pierde
el supremo pudor de estar desnuda.
Así frente a la noche te he de tender la mano
con un gesto cordial de despedida
y tú no sabrás nunca lo que pesa en mi vida
la angustia irremediable de haberte amado en vano.
Poema de la espera
Yo sé que tú eres de otro y a pesar de eso espero.
Y espero sonriente porque yo sé que un día
como en amor, el último vale más que el primero
tu tendrás que ser mía.
Yo sé que tú eres de otro pero eso no me importa.
Porque nada es de nadie si hay alguien que lo ansía.
Y mi amor es tan largo y la vida es tan corta
que tendrás que ser mía.
Yo sé que tú eres de otro pero la sed se sacia
solamente en el fondo de la copa vacía.
Y como la paciencia puede más que la audacia
tú tendrás que ser mía.
Por eso en lo profundo de mis sueños despiertos
yo seguiré esperando porque sé que algún día
buscarás el refugio de mis brazos abiertos
y tendrás que ser mía.
Poema del amor ajeno
Puedes irte y no importa, pues te quedas conmigo
como queda un perfume donde había una flor.
Tú sabes que te quiero, pero no te lo digo;
y yo sé que eres mía, sin ser mío tu amor.
La vida nos acerca y la vez nos separa,
como el día y la noche en el amanecer...
Mi corazón sediento ansía tu agua clara,
pero es un agua ajena que no debo beber...
Por eso puedes irte, porque, aunque no te sigo,
nunca te vas del todo, como una cicatriz;
y mi alma es como un surco cuando se corta el trigo,
pues al perder la espiga retiene la raíz.
Tu amor es como un río, que parece más hondo,
inexplicablemente, cuando el agua se va.
Y yo estoy en la orilla, pero mirando al fondo,
pues tu amor y la muerte tienen un más allá.
Para un deseo así, toda la vida es poca;
toda la vida es poca para un ensueño así...
Pensando en ti, esta noche, yo besaré otra boca;
y tú estarás con otro... ¡pero pensando en mí!
Poema del amor imposible
Esta noche pasaste por mi camino
y me tembló en el alma no sé qué afán
pero yo estoy consciente de mi destino
que es mirarte de lejos y nada más.
No, tú nunca dijiste que hay primavera
en las rosas ocultas de tu rosal.
Ni yo debo mirarte de otra manera
que mirarte de lejos y nada más.
Y así pasas a veces tranquila y bella,
así como esta noche te vi pasar.
Más yo debo mirarte como una estrella
que se mira de lejos y nada más.
Y así pasan las rosas de cada día
dejando las raíces que no se van.
Y yo con mi secreta melancolía
de mirarte de lejos y nada más.
Y así seguirás siempre, siempre prohibida,
más allá de la muerte, si hay más allá.
Porque en esa vida, si hay otra vida,
te miraré de lejos y nada más...
Poema del amor pequeño
Fue breve aquella noche. Fue breve, pero bella.
Poca cosa es el tiempo, que es también poca cosa,
porque nadie ha sabido lo que dura una estrella
aunque todos sepamos lo que dura una cosa.
Nuestro amor de una noche fue un gran amor pequeño
que rodó por la sombra como un dado sin suerte,
pero nadie ha sabido lo que dura un ensueño
aunque todos sepamos lo que dura la muerte.
Una noche es eterna para el que no la olvida,
y el tiempo nada importa para el sueño y la flor,
y, como nadie sabe lo que dura la vida,
nadie sabe tampoco lo que dura el amor.
Poema de las cosas
Quizás estando sola, de noche, en tu aposento
oirás que alguien te llama sin que tu sepas quién
y aprenderás entonces, que hay cosas como el viento
que existen ciertamente, pero que no se ven...
Y también es posible que una tarde de hastío
como florece un surco, te renazca un afán
y aprenderás entonces que hay cosas como el río
que se están yendo siempre, pero que no se van...
O al cruzar una calle, tu corazón risueño
recordará una pena que no tuviste ayer
y aprenderás entonces que hay cosas como el sueño,
cosas que nunca han sido, pero que pueden ser...
Por más que tu prefieras ignorar estas cosas
sabrás por qué suspiras oyendo una canción
y aprenderás entonces que hay cosas como rosas,
cosas que son hermosas, sin saber que lo son...
Y una tarde cualquiera, sentirás que te has ido
y un soplo de ceniza regará tu jardín
y aprenderás entonces, que el tiempo y el olvido
son las únicas cosas que nunca tienen fin.
Poema del desencanto
Y comenzamos juntos un viaje hacia la aurora
como dos fugitivos de la misma condena.
Lo que ignoraba entonces no he de callarlo ahora:
No valías la pena.
Ya llegaba el otoño, y ardía el mediodía.
Sentí sed. Vi tu copa. Pensé que estaba llena,
pero acerqué mis labios y la encontré vacía.
No valías la pena.
Te di a guardar un sueño, pero tú lo perdiste,
o acaso abrí mis surcos en la llanura ajena.
Es triste, pero es cierto. Por ser tan cierto, es triste:
No valías la pena.
Fuiste el amor furtivo que va de lecho en lecho,
y el eslabón amable que es más que una cadena.
Pero hoy puedo decirte, sin rencor ni despecho:
No valías la pena.
Me alegré con tu risa; me apené con tu llanto,
sin pensar que eras mala ni creer que eras buena.
Te canté en mis canciones, y, a pesar de mi canto,
no valías la pena.
Me queda el desencanto del que enturbió una fuente,
o acaso el desaliento del que sembró en la arena.
Pero yo no te culpo. Te digo, simplemente:
No valías la pena.
Poema del domingo triste
Este domingo triste pienso en ti dulcemente
y mi vieja mentira de olvido ya no miente.
La soledad a veces es peor castigo,
ah, ¡pero qué alegre todo si estuvieras conmigo!
Entonces no querría mirar las nubes grises
formando extraños mapas de imposibles países
y el monótono ruido del agua no sería
el motivo secreto de mi melancolía.
Este domingo triste nace de algo que es mío,
que quizás es tu ausencia y quizás es mi hastío,
mientras corren las aguas por la calle en declive
y el corazón se muere de un ensueño que vive.
La tarde pide un poco de sol, como un mendigo,
y acaso hubiera sol si estuvieras conmigo,
y tendría la tarde, fragantemente muda,
el ingenuo impudor de una niña desnuda.
Si estuvieras conmigo, amor que no volviste.
Oh, ¡qué alegre me sería este domingo triste!
Poema del espejo
Déjame ser tu espejo, supliqué aquel día,
recuerdo que tu mano se estremeció en la mía.
Yo que envidio tu espejo, quiero saber que siente
al copiar en la alcoba tu cuerpo adolescente.
Detrás de los almendros, casi como del fondo
del mar, surgió la luna, con su espejo redondo.
Te vi de pie en la sombra, junto al lecho vacío
se oyó un rumor de sedas, como el rumor de un río.
Y yo, como el espejo de aquella alcoba oscura,
yo, allí solo contigo, reflejé tu hermosura.
Fue un instante, en la sombra. No sé bien todavía
si eras tú, si fue un sueño, o una flor que se abría.
Muchacha de la noche de un día diferente,
yo no envidio a tu espejo, ya sé que nada siente,
Ya sé que te duplica sin comprender siquiera
que eres mujer, y hermosa como la primavera,
Pues si lo comprendiera saltaría en pedazos
por el ansia imposible de tenderte los brazos.
Poema del éxtasis
No... nunca fue mi mano más lenta que en la hora
secretamente mía de aquella noche aquella.
fue así como una nube cuando oculta una estrella
O así como una estrella que se pierde en la aurora.
Nunca tuvo mi mano más quietud impaciente,
semejante a la mano de un ladrón inexperto.
Porque fue como un buque que oscilara en el puerto
con el ansia inconforme de zarpar de repente.
Si, aquella noche... noche para soñar en vano
o encender una estrella... O apagar una duda.
Surgió bajo mi mano tu belleza desnuda
como si tu belleza surgiera de mi mano.
Ni una sola palabra de temor o reproche
abrevió el retardado placer del desenlace.
Como crece un jacinto frente al alba que nace
o como nace el alba del fondo de la noche.
No... nunca fue una mano más lenta ni más leve
que mi mano de amante con su gesto de amigo.
Eras como la nieve cayendo sobre el trigo
o un trigo milagroso brotando de la nieve.
Y tu estabas inmóvil bajo la selva rosa
como una flor fantástica que se abriera en el lecho.
Mientras mi mano lenta descubría en tu pecho
dos motivos iguales para llamarte hermosa.
Pero desde esa noche de calma y de tormenta
desorientadamente vacilé en una duda.
Si cerraste los ojos por no verte desnuda
o bien porque mi mano fue demasiado lenta.
Poema del fracaso
Mi corazón, un día, tuvo un ansia suprema,
que aún hoy lo embriaga cual lo embriagara ayer;
Quería aprisionar un alma en un poema,
y que viviera siempre... Pero no pudo ser.
Mi corazón, un día, silenció su latido,
y en plena lozanía se sintió envejecer;
Quiso amar un recuerdo más fuerte que el olvido
y morir recordando... Pero no pudo ser.
Mi corazón, un día, soñó un sueño sonoro,
en un fugaz anhelo de gloria y de poder;
Subió la escalinata de un palacio de oro
y quiso abrir las puertas... Pero no pudo ser.
Mi corazón, un día, se convirtió en hoguera,
por vivir plenamente la fiebre del placer;
Ansiaba el goce nuevo de una emoción cualquiera,
un goce para él solo... Pero no pudo ser.
Y hoy llegas tú a mi vida, con tu sonrisa clara,
con tu sonrisa clara, que es un amanecer;
y ante el sueño más dulce que nunca antes soñara,
quiero vivir mi sueño... Pero no puede ser.
Y he de decirte adiós para siempre, querida,
sabiendo que te alejas para nunca volver,
Quisiera retenerte para toda la vida...
¡Pero no puede ser! ¡Pero no puede ser!
Poema del olvido
Viendo pasar las nubes fue pasando la vida,
y tú, como una nube, pasaste por mi hastío.
Y se unieron entonces tu corazón y el mío,
como se van uniendo los bordes de una herida.
Los últimos ensueños y las primeras canas
entristecen de sombra todas las cosas bellas;
y hoy tu vida y mi vida son como las estrellas,
pues pueden verse juntas, estando tan lejanas...
Yo bien sé que el olvido, como una agua maldita,
nos da una sed mas honda que la sed que nos quita,
pero estoy tan seguro de poder olvidar...
Y miraré las nubes sin pensar que te quiero,
con el hábito sordo de un viejo marinero
que aun siente, en tierra firme, la ondulación del mar.
Poema del poema
Quizás pases con otro que te diga al oído
esas frases que nadie como yo te dirá;
y, ahogando para siempre mi amor inadvertido
¡te amaré más que nunca....y jamás lo sabrás!
La desolada estrofa, como si fuera un ala,
voló sobre el silencio... Y tú estabas allí:
Allí en el más oscuro rincón de aquella sala,
estabas tú, escuchando mis versos para ti.
Y tú, la inaccesible mujer de ese poema
que ofrece su perfume pero oculta su flor,
quizás supiste entonces la amargura suprema
de quien ama la vida porque muere de amor.
Y tú, que nada sabes, que tal vez ni recuerdes
aquellos versos tristes y amargos como el mar,
cerraste en un suspiro tus grandes ojos verdes,
los grandes ojos verdes que nunca he de olvidar.
Después, se irguió tu cuerpo como una primavera,
mujer hoy y mañana distante como ayer...
vi que te alejabas sin sospechar siquiera
¡que yo soy aquel hombre...y tú aquella mujer!
Poema del regreso
Vengo del fondo oscuro de una noche implacable,
y contemplo los astros con un gesto de asombro.
Al llegar a tu puerta me confieso culpable,
y una paloma blanca se me posa en el hombro.
Mi corazón humilde se detiene en tu puerta
con la mano extendida como un viejo mendigo;
y tu perro me ladra de alegría en la huerta,
porque, a pesar de todo, sigue siendo mi amigo.
Al fin creció el rosal aquel que no crecía
y ahora ofrece sus rosas tras la verja de hierro:
Yo también he cambiado mucho desde aquel día,
pues no tienen estrellas las noches del destierro.
Quizás tu alma está abierta tras la puerta cerrada;
pero al abrir tu puerta, como se abre a un mendigo,
mírame dulcemente, sin preguntarme nada,
y sabrás que no he vuelto ... ¡porque estaba contigo!
Poema del renunciamiento
Pasarás por mi vida sin saber que pasaste,
pasarás en silencio por mi amor y al pasar
fingiré una sonrisa como un dulce contraste
del dolor de quererte... y jamás lo sabrás.
Soñaré con el nácar virginal de tu frente,
soñaré con tus ojos de esmeraldas de mar,
soñaré con tus labios desesperadamente,
soñaré con tus besos... y jamás lo sabrás.
Quizás pases con otro que te diga al oído
esas frases que nadie como yo te dirá
y, ahogando para siempre mi amor inadvertido,
te amaré más que nunca... y jamás lo sabrás.
Yo te amaré en silencio... como algo inaccesible,
como un sueño que nunca lograré realizar
y el lejano perfume de mi amor imposible
rozará tus cabellos... y jamás lo sabrás.
Y si un día una lágrima denuncia mi tormento,
-- el tormento infinito que te debo ocultar --
te diré sonriente: "No es nada... ha sido el viento".
Me enjugaré la lágrima... ¡y jamás lo sabrás!
Poema del secreto
Puedo tocar tu mano sin que tiemble la mía,
y no volver el rostro para verte pasar.
Puedo apretar mis labios un día y otro día...
y no puedo olvidar.
Puedo mirar tus ojos y hablar frívolamente,
casi aburridamente, sobre un tema vulgar,
puedo decir tu nombre con voz indiferente...
y no puedo olvidar.
Puedo estar a tu lado como si no estuviera,
y encontrarte cien veces, así como al azar...
puedo verte con otro, sin suspirar siquiera,
y no puedo olvidar.
Ya vez: Tú no sospechas este secreto amargo,
más amargo y profundo que el secreto del mar...
porque puedo dejarte de amar, y sin embargo...
¡no te puedo olvidar!
Poema de una calle
Amo esta calle, y amo sus tristes casas
en las que se entristecen cumpleaños y bodas,
porque esta calle triste, se alegra cuando pasas
tú, mujer preferida entre todas.
Amo esta calle acaso porque en ella subsiste
no sé qué somnolencia de arrabal provinciano.
Pero a veces la odio, porque aunque siempre es triste
me parece más triste cuando te espero en vano.
Y yo bien sé que esta calle nunca podrá ser bella
con sus fachadas sucias y sus portales viejos.
Pero sé que es distinta cuando pasas por ella
y te miro pasar... desde lejos.
Por eso amo esta calle de soledad y hastío
que ensancha sus aceras para alejar las casas.
Mientras te espera en vano mi corazón vacío,
¡que es una calle triste por donde nunca pasas!
Poema final por nosotros
Está bien, vas con otro, y me apeno y sonrío,
pues recuerdo las noches que temblaste en mi mano,
como tiembla en la hoja la humedad del rocío,
o el fulgor de la estrella que desciende al pantano.
Te perdono, y es poco. Te perdono, y es todo,
yo que amaba tus formas, más amaba tu amor,
y empezó siendo rosa lo que luego fue lodo,
a pesar del perfume y a pesar del color.
Hoy prefiero mil veces sonreír aunque pierda,
mientras pierda tan solo el derecho a tu abrazo,
y no ser el que olvida, mientras él quien recuerda,
y tú bajes el rostro y él lo vuelva si paso.
Quien te lleva no sabe que pasó mi tormento,
y me apena su modo de aferrarse a lo vano,
él se aferra a la rosa, pero olvida que el viento,
todavía dirige su perfume a mi mano.
Y por ser quien conozco tus angustias y anhelos,
te perdono si pasas y si no me saludas,
pues prefiero el orgullo de perderte con celos,
a la angustia que él siente de tenerte con dudas.
Y mañana quien sabe, no sabré si fue rubia,
si canela, o si blanca la humedad de esta pena,
y quizás te recuerde si me adentro en la lluvia,
o tal vez me dé risa si acaricio la arena.
Poema para el crepúsculo
Hora de soledad y de melancolía,
en que casi es de noche y casi no es de día.
Hora para que vuelva todo lo que se fue
hora para estar triste, sin preguntar por qué.
Todo empieza a morir cuando nace el olvido.
Y es tan dulce buscar lo que no se ha perdido...
¡Y es tan agria esta angustia terriblemente cierta
de un gran amor dormido que de pronto despierta!
Viendo pasar las nubes se comprende mejor
que así como ellas cambian, va cambiando el amor,
y aunque decimos: ¡Todo se olvida, todo pasa...!
en las cenizas, a veces nos sorprende una brasa.
Porque es triste creer que se secó una fuente,
y que otro beba el agua que brota nuevamente:
o una estrella apagada que vuelve a ser estrella,
y ver que hay otros ojos que están fijos en ella.
Decimos: ¡Todo pasa, porque todo se olvida...!
y el recuerdo entristece lo mejor de la vida.
Apenas ha durado para amarte y perderte
este amor que debía durar hasta la muerte.
Fugaz como el contorno de una nube remota,
tu amor nace en la espiga muriendo en la gaviota.
Tu amor, cuando era mío, no me pertenecía.
Hoy, aunque vas con otro, quizás eres más mía.
Tu amor es como el viento que cruza de repente:
Ni se ve, ni se toca, pero existe y se siente.
Tu amor es como un árbol que renunció a su altura,
pero cuyas raíces abarcan la llanura.
Tu amor me negó siempre lo poco que pedí,
y hoy me da esta alegría de estar triste por ti
Y, aunque creí olvidarte, pienso en ti todavía,
cuando, aún sin ser de noche, dejó de ser de día.
Poemas en la arena
I
Las olas vienen.
Las olas van.
Como las olas,
tu recuerdo viene y se va.
Las olas vienen.
Las olas se van.
Mi silencio -- un silencio de cien puertas cerradas--,
se encrespa de rumores, como el mar.
¡El mar, el mar, amor!
¡Amor, el mar!
Mi corazón es una playa triste,
y tú eres una ola que viene y que se va...
VI
Nunca antes fue triste el primer trino de los pájaros.
--Hoy sí.
Como una flor de sombra,
como una mariposa negra y gris,
la noche fue a encenderse de amor entre tus manos,
sobre tus manos diáfanas, que se tendían hacia mí...
Nunca antes fue triste el primer trino de los pájaros.
--Hoy sí.
Y vi que te alejabas por un camino que ascendía
hacia un inhóspito confín.
Y quise acompañarte o detenerte,
no sé... Pero el camino se fue borrando en pos de ti.
Quizás
Quizás te diga un día que dejé de quererte,
aunque siga queriéndote más allá de la muerte;
y acaso no comprendas en esa despedida,
que, aunque el amor nos une, nos separa la vida.
Quizás te diga un día que se me fue el amor,
y cerraré los ojos para amarte mejor,
porque el amor nos ciega, pero, vivos o muertos,
nuestros ojos cerrados ven más que estando abiertos.
Quizás te diga un día que dejé de quererte,
aunque siga queriéndote más allá de la muerte;
y acaso no comprendas, en esa despedida,
¡que nos quedamos juntos para toda la vida!
Recapitulación
Yo he vivido mi vida: Si fue larga o fue corta,
si fue alegre o fue triste, ya casi no me importa.
Y aquí estoy, esperando. No sé bien lo que espero,
si el amor o la muerte, -lo que pase primero.
Algo tuve algún día; lo perdí de algún modo,
y me dará lo mismo cuando lo pierda todo.
Pero no me lamento de mi mala fortuna,
pues me queda un palacio de cristal en la luna,
y por andar errante, por vivir el momento,
son tan buenos amigos mi corazón y el viento.
Por eso y otras me deja indiferente,
aquí, allá y dondequiera, lo que diga la gente.
-¿Trampas? - Pues sí, hice algunas;
pero, mal jugador, yo perdí más que nadie
con mis trampas de amor.
-¿Pecados? - Sí, aunque leves, de esos que Dios perdona,
porque, a pesar de todo, Dios no es mala persona.
-¿Mentiras?- Dije muchas, y de bello artificio,
pero que en un poeta son cosas del oficio.
Y en los casos dudosos, si hice bien o mal,
ya arreglaremos cuentas en el Juicio Final.
Eso es todo. He vivido.
La vida que me queda puede tener dos caras,
igual que una moneda: una que es de oro puro
-la cara del pasado- y otra -la del presente-
que es de plomo dorado.
Por lo demás, ya es tarde; pero no tengo prisa,
y esperare la muerte con mi mejor sonrisa,
Y seguiré viviendo de la misma manera,
que es vivir cada instante como una vida entera,
mientras siguen andando, de un modo parecido,
los hombres con el tiempo y el tiempo hacia el olvido.
Respuesta al poema de la culpa (Ella)
Señor, yo no soy digna siquiera de rogarte:
mi corazón ignora la palabra del arte.
Sólo vengo a decirte que no me han comprendido,
porque los hombres hablan con el orgullo herido.
Cubren con bellas frases su más vulgar deseo,
que a veces me turbaron, pero que ya no creo.
Sin embargo, a los dos me di con alegría.
Lo comprendo, Señor: ¡toda la culpa es mía!
En los brazos de uno me entregué plenamente,
y en los del otro... ¿Sabes lo que una mujer siente?
Pregúntale a la Virgen, cuando ella era mujer,
todo lo que nosotras llegamos a querer.
Perdóname la audacia, pero aquella María,
no supo del abrazo viril que me rendía.
No miró aquellos ojos fijos en mi hermosura,
como dedos ardientes sobre mi carne impura.
Y no tembló aquel canto de amor en sus oídos
que pudo abrir en músicas la flor de mis sentidos.
Tú también sabes que el hombre se acerca a la mujer,
ebrio por la promesa de su propio placer.
Pero la mujer llora, se resiste, Señor,
y cuando al fin se ofrece, sueña con el amor.
Pues, mientras en el hombre la vida se hace fuerte,
la mujer se desmaya con un poco de muerte.
Quizás tuve un amante que me sedujo un día,
¡tan malo que, por eso, me gusta todavía!
Respuesta al poema de la culpa (El otro)
Señor, yo soy el otro que también la quería,
y vengo a confesarme, porque la culpa es mía.
Ella tuvo la gracia fatal de nacer bella:
quien la mira, ya nunca será bueno sin ella.
Me duele soportar que alguno la haya amado,
pero hay cosas tan bellas que no tienen pasado;
y ella sólo mañana dejará de ser pura:
cuando el roce del tiempo desgaste su hermosura.
Ella se me dio toda, como yo me di a ella,
ella me dio su flor y yo le di mi estrella;
porque de su perfume trascendiendo en mi llama,
no quedó un solo beso de los que él me reclama.
Tal vez ella lo quiso, pero él lo dudaría,
si la viera en mis brazos tan felizmente mía.
Si le viera los ojos al sentirse gozada,
cuando todo mi sueño le llena la mirada.
No existe culpa en ella, ni en él, ni en ti Señor;
y si es mía, ¡bendigo la culpa de mi amor!
Hay que ser algo malo si se busca el poder,
que domina la tierra sutil de la mujer.
Ni demasiado malo, ni demasiado bueno,
enfermé, sin morir, de su dulce veneno.
Mi amor es el de un hombre, sencillamente humano,
que sueña de limosna, sin extender la mano.
¡Ah! Pero él se redime, sólo a ti te condena,
él te arroja su amor, para esquivar su pena.
Perdónalo, Señor... Di quién la merecía,
pues yo soy el culpable: ¡la quiero todavía!
Se deja de querer
Se deja de querer, y no se sabe
por qué se deja de querer:
Es como abrir la mano y encontrarla vacía,
y no saber, de pronto, qué cosa se nos fue.
Se deja de querer, y es como un río
cuya corriente fresca ya no calma la sed;
como andar en otoño sobre las hojas secas,
y pisar la hoja verde que no debió caer.
Se deja de querer, y es como el ciego
que aún dice adiós, llorando, después que pasó el tren;
o como quien despierta recordando un camino,
pero ya sólo sabe que regresó por él.
Se deja de querer, como quien deja
de andar por una calle, sin razón, sin saber;
y es hallar un diamante brillando en el rocío,
y que, ya al recogerlo, se evapore también.
Se deja de querer, y es como un viaje
detenido en la sombra, sin seguir ni volver;
y es cortar una rosa para adornar la mesa
y que el viento deshoje la rosa en el mantel.
Se deja de querer, y es como un niño
que ve cómo naufragan sus barcos de papel;
o escribir en la arena la fecha de mañana
y que el mar se la lleve con el nombre de ayer.
Se deja de querer, y es como un libro
que, aun abierto hoja a hoja, quedó a medio leer;
y es como la sortija que se quitó del dedo,
y sólo así supimos que se marcó en la piel.
Se deja de querer, y no se sabe
por qué se deja de querer...
Segundo poema de la espera
Por un agua de hastío voy moviendo estos remos,
que pasan tanto al irme y tan poco al volver;
pero quizá un día no nos separaremos,
mujer mía y ajena, como el amanecer.
No importa que me quede ni importa que me vaya,
mientras pasan las nubes sin dejar de pasar,
porque tu corazón es igual que una playa,
que, pudiendo ser tierra, nunca llega a ser mar.
Tu amor nunca responde cuando mi amor te nombra;
tu amor, que sin ser mío, tantas veces perdí;
y yo empuño los remos y viajo hacia las sombras,
pues todo se hace sombra si estoy lejos de ti.
Filibustero loco tras el botín de un beso,
viajo por aguas tristes que me entristecen más;
pero tu amor es siempre camino de regreso,
mujer que nunca llegas y que nunca te vas.
Tu amor es un remoto país desconocido,
más allá del mañana, más allá del ayer;
y ya sólo recuerdo las veces que me he ido
recordando las veces que tuve que volver.
Hay virtudes tan tristes, que es mejor ser culpable,
y más si es una culpa de amor amarte así;
pero, si en nuestras vidas hay algo inevitable,
inevitable tú serás para mí.
Ya me duelen las manos de remar en mi hastío;
pero yo sé que un día dejaré de remar,
y he de mirar el mundo como si fuera mío,
y romperé los remos en la orilla del mar...
Sembrar
Alza la mano y siembra, con un gesto impaciente,
en el surco, en el viento, en la arena, en el mar...
Sembrar, sembrar, sembrar, infatigablemente:
En mujer, surco o sueño, sembrar, sembrar, sembrar...
Yérguete ante la vida con la fe de tu siembra;
siembra el amor y el odio, y sonríe al pasar...
La arena del desierto y el vientre de la hembra
bajo tu gesto próvido quieren fructificar...
Desdichados de aquellos que la vida maldijo,
que no soñaron nunca ni supieron amar...
Hay que sembrar un árbol, una ansia, un sueño, un hijo.
Porque la vida es eso: Sembrar, sembrar, sembrar.
Símil del árbol
Árbol ya largamente florecido,
con el tronco tatuado de iniciales,
lo dejaron en pie los vendavales,
sin una hoja, ni una flor, ni un nido,
igual que un corazón envejecido
que aún palpita, sin bienes y sin males,
lleno de sal, como los litorales,
con fatiga de amor y sed de olvido.
Pero en el árbol se detuvo un día,
para cantar, un pájaro viajero,
y el tronco aquel sintió que florecía...
como florece un corazón huraño,
para después sentir que le hace daño
la flor tardía de su amor postrero.
Símil del viento
Te sentí, como el viento, cuando pasabas ya;
como el viento, que ignora si llega o si se va...
Fuiste como una fuente que brotó junto a mí.
Y yo, naturalmente, sentí sed y bebí.
Llegaste como el viento, náufraga del azar,
con tus ojos alegres entristeciendo el mar.
Y, para que la tarde pudiera anochecer,
te fuiste como el viento, que no sabe volver.
Soneto con sed
Leyendo un libro, un día, de repente,
hallé un ejemplo de melancolía:
Un hombre que callaba y sonreía,
muriéndose de sed junto a una fuente.
Puede ser que, mirando la corriente,
su sed fuera más triste todavía;
aunque acaso aquel hombre no bebía
por no enturbiar el agua transparente.
Y no sé más. No sé si fue un castigo,
y no recuerdo su final tampoco
aunque quizás lo aprenderé contigo;
yo, enamorado, soñador y loco,
que me muero de sed y no lo digo,
que estoy junto a la fuente y no la toco.
Soneto del ahorcado
El beodo narraba dificultosamente
con hipos de agonía y vahos de aguardiente.
El, residuo de hombre, sin vigor ni decoro,
era el único dueño de un singular tesoro.
Y vi en su mano torpe, tal como una serpiente
de escamas de oro puro, la trenza reluciente:
su tesoro romántico, su reliquia -aunque ignoro
de quién era la trenza de cabellos de oro.
Y una noche de lluvia se colgó de una rama,
y un rechinar de dientes epilogó su drama
de recorrer a tientas las brumas del alcohol.
Y allí lo vimos todos, al inflamarse el día,
y en su cárdeno cuello la trenza relucía
cual si se hubiese ahorcado con un rayo de sol.
Soneto del caminante
No despiertes jamás para vivir tu sueño
porque el sueño es un viaje más allá del olvido.
Tu pie siempre es más firme después de haber caído.
Sólo es grande en la vida quien sabe ser pequeño.
El amor llega y pasa como un dolor risueño,
como una rama seca donde retoña un nido.
Sólo tiene algo suyo quien todo lo ha perdido.
Nadie es dueño de nada sin ser su propio dueño.
La vida será tuya si sabes que es ajena,
que es igual ser montaña que ser grano de arena,
pues la calma del justo vence el furor del bravo.
Y aprende que el camino nace del caminante,
pues, por más que ambiciones, humilde o arrogante,
sólo has de ser el dueño de lo que eres esclavo.
Soneto del tiempo
Me verás sonreír, amiga mía,
con aquel gesto frívolo de antaño,
y hay un viejo dolor que me hace daño,
un dolor que me duele todavía.
Porque no en vano pasan día y día,
y día a día llegan año y año,
y el júbilo de ayer se queda huraño
de soledad y de melancolía.
No te engañes, amiga, con mi engaño:
la copa en que bebiste está vacía,
y el oro de sus bordes se hizo estaño;
y esta frágil corteza de alegría
cubre un viejo dolor que me hace daño,
un dolor que me duele todavía...
Soneto en la alcoba
Te miraba acostada con mis ojos de bueno,
tus ojos aprendían lentamente a soñar,
y tu sueño iba a otro, a tu amor en estreno,
embriagado de fuga, de capricho y de azar.
Me tomaste una mano para palpar tu seno,
tu corazón latía con el mío a la par:
el tuyo acelerado por un amor ajeno,
mi corazón tan cerca, sin poderlo alcanzar.
Así dejé de amarte y empecé a comprenderte.
Sentí que me tocaba como un roce de muerte,
un dolor voluptuoso, pasajero y vulgar.
Y mientras me veías mansamente a tu lado,
yo escapaba en silencio, para siempre alejado.
¡Aunque esta misma noche te vuelva a desnudar!
Soneto lloviendo
No hace falta que llueva como llueve este día,
y, sin embargo, llueve desde el amanecer.
Si hay rosas y retoños, ¿para qué llovería?
Si ya todo florece, ¿qué más va a florecer?
Llueve obstinadamente y en la calle vacía
las gotas de la lluvia son pasos de mujer.
Pero cierro los ojos y llueve todavía,
y al abrirlos de nuevo no deja de llover.
Yo sé que no hace falta que llueva, pero llueve.
Y recuerdo una tarde maravillosa y breve,
que fue maravillosa porque llovía así...
Y es tan triste, tan triste, la lluvia en mi ventana,
que casi me pregunto, dulce amiga lejana,
si no estará lloviendo para que piense en ti.
Soneto para la lluvia
Mi corazón no sabe lo que espera,
pero yo sé que espera todavía,
igual que aquella noche que llovía
y te besé bajo la enredadera.
Tu amor se fue como si no se fuera,
pues algo tuyo vuelve cada día,
y me dejaste la melancolía
de doblar el pañuelo a tu manera.
Esta noche de viento y lluvia fría
quiero pensar que, si tu amor volviera,
al dejar de llover ya no se iría.
Y estoy aquí, bajo la enredadera;
y, como aquella noche que llovía,
mi corazón no sabe lo que espera...
Soneto para un reproche
Yo no sé si tú esperas todavía,
el gran amor con que soñaste en vano,
que era un pozo en la tarde de verano,
y era la sed que el pozo calmaría.
Yo sólo sé que estuvo cerca un día,
cuando tú lo creíste más lejano,
y fue una llama que se heló en tu mano,
al separar tu mano de la mía.
Así fue: Poca cosa en el olvido,
como el viento que llega y ya se ha ido
o la rama partida sin dar flor;
pero no es culpa mía si tú hiciste
una cosa vulgar, pequeña y triste,
de lo que pudo ser un gran amor.
Soñar
Soñar es ver la vida de otro modo,
y es olvidar un poco lo que realmente es,
un sueño es casi nada y más que todo,
más que todo al soñarlo... casi nada después.
Por eso yo no sé si mi sueño es sólo un sueño,
yo no sé si algún día lo tocará mi mano
y yo no sé, ni me importa, si es grande o si es pequeño
pero mi sueño es sueño porque lo siento en vano.
Te acordarás un día
Te acordarás un día de aquel amante extraño
que te besó en la frente para no hacerte daño.
Aquel que iba en la sombra con la mano vacía
porque te quiso tanto... que no te lo decía.
Aquel amante loco... que era como un amigo,
y que se fue con otra... para soñar contigo.
Te acordarás un día de aquel extraño amante,
profesor de horas lentas con alma de estudiante.
Aquel hombre lejano... que volvió del olvido
sólo para quererte... como a nadie ha querido.
Aquel que fue ceniza de todas las hogueras
y te cubrió de rosas sin que tú lo supieras.
Te acordarás un día del hombre indiferente
que en las tardes de lluvia te besaba en la frente.
Viajero silencioso de las noches de estío
que miraba tus ojos, como quien mira un río.
Te acordaras un día de aquel hombre lejano
del que más te ha querido... porque te quiso en vano.
Quizás así de pronto... te acordarás un día
de aquel hombre que a veces callaba y sonreía.
Tu rosal preferido se secara en el huerto
como para decirte que aquel hombre se ha muerto.
Y él andará en la sombra con su sonrisa triste.
Y únicamente entonces sabrás que lo quisiste.
Te contaré la historia
Te contaré la historia del bergantín sombrío
que echó un día las anclas en la quietud de un puerto,
para ser en la turbia resaca del hastío,
el ataúd flotante de su pasado muerto.
Allí evocaba el luto de la insignia pirata
y las tripulaciones con su bárbaro coro,
en las fosforescencias de las noches de plata
y en el deslumbramiento de las tardes de oro.
Allí, en largos letargos bajo las nubes lentas,
entre un enloquecido revuelo de gaviotas,
adoraban el soplo brutal de las tormentas,
en sus podridos pliegues, las pobres velas rotas.
Abajo, en la sentina, mortecinos fanales,
moscas y telarañas y barriles flotando,
arriba en la cubierta, náufragos espectrales
agitando los puños hacia el puente de mando.
Ah, las islas del trópico, los dulces archipiélagos
para siempre en los mapas de la mala fortuna,
y un buque torvamente rondando los murciélagos
mientras las mariposas vuelan hacia la luna.
Viejo barco que supo que el confín no es redondo
en las noches siniestras y en las albas felices,
con las anclas hundidas más y más en el fondo
como si de las anclas le nacieran raíces.
Mástiles carcomidos donde las golondrinas
reposan el otoño, como un último ultraje;
timón con verdes costras de lepras submarinas
y brújula sin norte para morir un viaje.
Vientos del sur, o lluvias o locas primaveras,
que poco importa todo para los barcos viejos;
pero un escalofrío crujía en sus maderas
al zarpar otras naves y al perderse a lo lejos.
Allí, escuchando el himno de las resacas gordas,
vaivén de espumas negras que nunca finaliza,
se hubiera dicho un barco cargado hasta las bordas
con un gran contrabando funeral de ceniza.
Y allí estaba, en el puerto, con su largo letargo,
de proa hacia el olvido, muriendo hacia el poniente.
Y, sin embargo un día... Ah, un día, sin embargo,
Soplo un viento de rosas, maravillosamente.
Era el sagrado soplo del amor que transfigura
los seres y las cosas en el tiempo sin fin
y le dio un casco nuevo con nueva arboladura
y nueve velas blancas al viejo bergantín.
Y así fue que en la gloria de una alegre mañana,
con la proa hacia el sueño y el timón al azar,
esta vez bajo el mando de gentil capitana,
el bergantín sombrío se echó de nuevo al mar.
Y así acaba este cuento que es más tuyo que mío,
tú, que escuchas mi cuento convertido en canción;
tú, gentil capitana del bergantín sombrío,
del bergantín sombrío que era mi corazón.
Tercer poema de la despedida
Llamarada de ayer, ceniza ahora,
ya todo será en vano,
como fijar el tiempo en una hora
o retener el agua en una mano.
Ah, pobre amor tardío,
es tu sombra no más lo que regresa,
porque si el vaso se quedó vacío
nada importa que esté sobre la mesa.
Pero quizás mañana,
como este gran olvido es tan pequeño,
pensaré en ti, cerrando una ventana,
abriendo un libro o recordando un sueño...
Tu amor ya está en mi olvido,
pues, como un árbol en la primavera,
si florece después de haber caído,
no retoña después de ser hoguera;
pero el alma vacía
se complace evocando horas felices,
porque el árbol da sombra todavía,
después que se han secado sus raíces;
y una ternura nueva
me irá naciendo, como el pan del trigo:
Pensar en ti una tarde, cuando llueva,
o hacer un gesto que aprendí contigo.
Y un día indiferente,
ya en olvido total sobre mi vida,
recordaré tus ojos de repente,
viendo pasar a una desconocida...
Tercer poema del río
El agua del río pasaba indolente,
reflejando noches y arrastrando días…
Tú, desnuda en la fresca corriente,
reías…
Yo te contemplaba desde la ribera,
tendido a la sombra de un árbol sonoro;
y resplandecía tu áurea cabellera,
desatada en el agua ligera,
como un remolino de espuma de oro…
Y pasaban las nubes errantes,
mientras tú te erguías bajo el sol de estío,
con los blancos hombros llenos de diamantes,
en la rumorosa caricia del río.
Y tú te reías…
Y mirando mis manos vacías,
pensé en tantas cosas que ya fueron mías,
y que se me han ido, como tú te irás…
Y tendí mis brazos hacia la corriente,
hacia la corriente cantarina y clara,
porque tuve miedo, repentinamente,
de que el agua feliz te arrastrara…
Y ya no reías…
bajo el sol de estío,
ni resplandecías de oro y de rocío.
Y saliste corriendo del río,
y llenaste mis manos vacías…
Y al sentir tu cuerpo tan cerca y tan mío,
al vivir en tu amor un instante
más allá del placer y del hastío,
vi pasar la sombra de una nube errante,
de una nube fugaz sobre el río…
Último amor
Yo andaba entre la sombra, cuando como un fulgor
llegaste tú de pronto con el último amor.
Pero bastó un efluvio de antiguas primaveras
para reconocerte, para saber quien eras.
Y eras la misteriosa mujer desconocida,
que entristeció de ensueño lo mejor de mi vida.
La de las tardes grises y los claros de luna,
la que busqué entre tantas y no encontré en ninguna.
Y hoy tal vez como un premio, tal vez como un castigo,
lo mejor de mi vida será morir contigo.
He pensado esta noche, sintiéndote tan mía
que así como llegaste, pudieras irte un día.
Lo he pensado eso es todo. Pero si sucediera...
Dejaré que te vayas sin un adiós siquiera.
Y cuando te hayas ido... yo que nunca me quejo,
me vestiré de luto y aprenderé a ser viejo.
Pero si me muriera sin poder olvidarte
y después de la muerte se llega a alguna parte,
preguntaré si hay sitio para mí junto a ti,
y Dios seguramente responderá que sí.
Variante de una canción antigua
En el tronco de un árbol voy a grabar tu nombre
pero con mi capricho, vulgarmente galante,
dejaré satisfecha mi vanidad de hombre,
acaso más profunda que mi orgullo de amante.
En esas letras toscas que grabará mi mano,
tu nombre sin ternura crecerá hacia el olvido,
pues, fatalmente, un surco que ha florecido en vano
es cien veces más triste que el que no ha florecido.
Y pasarán las nubes sobre el árbol que ignora
que hay amores fugaces como sus primaveras...
Y un día, al ver el nombre que estoy grabando ahora,
me encogeré de hombros, sin recordar quién eras...
Ya era muy viejecita
Ya era muy viejecita... Y un año y otro año
se fue quedando sola con su tiempo sin fin.
Sola con su sonrisa de que nada hace daño,
sola como una hermana mayor en su jardín.
Se fue quedando sola con los brazos abiertos,
que es como crucifican los hijos que se van,
con su suave manera de cruzar los cubiertos,
y aquel olor a limpio de sus batas de holán.
Déjenme recordarla con su vals en el piano,
como yéndose un poco con lo que se le fue;
y con qué pesadumbre se mira la mano
cuando le tintineaba su taza de café.
Se fue quedando sola, sola... sola en su mesa,
en su casita blanca y en su lento sillón;
y si alguien no conoce que soledad es esa,
no sabe cuánta muerte cabe en un corazón.
Y diré que en la tarde de aquel viernes con rosas,
en aquel "hasta pronto" que fue un adiós final,
aprendí que unas manos pueden ser mariposas,
dos mariposas tristes volando en su portal.
Sé que murió de noche. No quiero saber cuándo.
Nadie estaba con ella, nadie, cuando murió:
Ni su hijo Guillermo, ni su hijo Fernando,
ni el otro, el vagabundo sin patria, que soy yo.
Ya todos la olvidaron
Ya todos la olvidaron. Ahora sí que se ha ido,
pero, sobre las rosas de la tumba reciente,
florecía el recuerdo más allá del olvido…
Yo era el hosco, el ausente.
Qué le importa a la noche que se apague una estrella,
si el mar sigue cantando cuando pierde una ola.
Ya están secos los ojos que lloraron por ella.
Ya se ha quedado sola.
Ahora ya sigue, sola, su viaje hacia el espanto,
por las noches profundas, bajo el cielo inclemente.
Ya nadie me reprocha que no lloré aquel llanto,
que fui el hosco, el ausente…
Ya nadie le disputa su silencio y su sombra,
sobre todo su sombra, bajo la luz del día.
Ya todos la olvidaron, Señor. Nadie la nombra.
Yo la recuerdo todavía…
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